Oiseau : se travestir pour trouver des femelles

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avec AFP
C'est la technique adoptée par des rapaces pour séduire et éviter d'affronter d'autres mâles.

Chez les busards des roseaux, une espèce de rapace répandue dans toute l'Europe, certains mâles se font passer pour des femelles afin d'améliorer leurs chances de trouver une partenaire sans coup férir avec leurs rivaux plus virils, révèle une étude publiée mercredi. Une majorité des mâles de cette espèce (Circus aeroginosus) sont gris, mais environ 40% d'entre eux présentent un plumage qui imite celui des femelles, brun avec la tête et les épaules blanches.

Pour tenter d'en savoir plus sur ces rapaces travestis, des biologistes ont mené une expérience, dans le marais de Brouage, en Charente-Maritime, auprès de 36 couples de busards. Comme les biologistes s'y attendaient, les mâles se comportaient globalement avec les mâles travestis comme avec les vraies femelles, les attaquant beaucoup moins souvent que les autres mâles au plumage viril.

Un travestissement gagant-gagnant

Ce qui les a surpris en revanche, c'est que les mâles déguisés en femelle finissent par se prendre au jeu et attaquent davantage les vraies femelles que les mâles! "Les mâles efféminés ne se contentent pas d'imiter les femelles, ils ont aussi tendance à se comporter comme elles lorsqu'il s'agit de défendre leurs ressources reproductives", souligne l'étude dirigée par Audrey Sternalski, chercheuse au CNRS et à l'Instituto de Investigacion en Recursos Cinegeticos de Ciudad Real, en Espagne.

La ruse employée par les busards travestis leur permettrait paradoxalement de profiter d'un avantage pour la reproduction, en évitant des confrontations avec leurs rivaux tout en gardant un accès aux femelles. Les vrais mâles en tireraient eux aussi un bénéfice, leurs voisins camouflés en femelles s'avérant bien moins agressifs à leur égard et nécessitant donc moins d'efforts pour la défense de leur territoire.

Les deux types de mâles instaureraient ainsi une sorte de "zone de non-agression" qui leur profiterait à tous les deux, analyse l'étude, publiée dans la revue Biology Letters de la Royal Society britannique