Obama timide sur la question raciale

Martin Luther King est son modèle. Mais depuis qu'il est à la Maison-Blanche, Barack Obama s'est montré très discret sur la question raciale.
Martin Luther King est son modèle. Mais depuis qu'il est à la Maison-Blanche, Barack Obama s'est montré très discret sur la question raciale. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
DÉCRYPTAGE - Fervent admirateur de Martin Luther King, Obama est resté discret sur son combat.

L’INFO. A lui tout seul, il incarne une partie du "rêve" de Martin Luther King. Pourtant, depuis son entrée à la Maison-Blanche, Barack Obama, le premier président noir des Etats-Unis, s’est montré relativement discret sur la question raciale. Mercredi, il va prononcer un discours très attendu sur les marches du "Lincoln Memorial", là où, il y a exactement 50 ans, "MLK" expliquait avoir "fait un rêve". L’occasion d’employer un registre personnel sur un sujet ultra-sensible.

> PHOTO : Le "rêve" de Martin Luther King a 50 ans

"MLK", son modèle. Barack Obama a fait de Martin Luther King son modèle. Dans le Bureau Ovale trône d’ailleurs un buste du pasteur, ainsi qu’un programme encadré de la marche de 1963 sur Washington, indique le New York Times. Lors de sa seconde investiture, en janvier 2013, c’est sur une bible ayant appartenu à l’ardent défenseur des droits civiques qu’il avait prêté serment. Comme pour tenter de désamorcer toutes les critiques, Barack Obama a d’ailleurs tenu à préciser d’emblée que son discours ne serait "pas aussi bon" que celui du pasteur de Géorgie.

Le discours de Martin Luther King, en 1963 :

Un premier mandat discret sur la question. Il faut dire que depuis qu’il est à la Maison-Blanche, le président n’a pas fait preuve d’un activisme forcené sur la question raciale. Certains comprennent, comme Al Sharpton, pasteur et militant de longue date, qui note qu’Obama est vu "comme un nouveau Martin Luther King" : "mais il est plutôt le nouveau Kennedy. Un président ne doit pas rêver. Un président doit guider et légiférer". D’autres, comme Tavis Smiley, célèbre animateur de talk-shows, n’hésitent pas à taper sur un président qui s’est montré "timide" et "presque silencieux" sur ce thème.

manif afro-américaines 460 REUTERS

"Encore du travail". Car pour les Noirs américains, malgré les progrès réalisés en cinquante ans, il y a "encore du travail à faire", souligne dans une tribune au Washington Postle fils du pasteur d’Atlanta, Martin Luther King III. Leur taux de chômage culminait encore à 12,6% en juillet, contre 7,4% pour la population américaine dans son ensemble. Et dernièrement, l’affaire Trayvon Martin, qui s’est soldée par l’acquittement du meurtrier de cet adolescent noir tué en Floride, a traumatisé une bonne partie de la communauté afro-américaine.

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trayvon martin

© REUTERS

"J’aurais pu être Trayvon Martin". Fin juillet, dans une tribune, le Washington Post exhortait Barack Obama à "s’exprimer avec audace et sincérité sur les questions raciales, sur le racisme et sur les raisons qui rendent encore ces sujets importants dans notre pays". Un conseil qui semble avoir été entendu à la Maison-Blanche, car Barack Obama a récemment multiplié les sorties sur la question, utilisant un registre très personnel. En juillet, il a ainsi lancé : "il y a 35 ans, j’aurais pu être Trayvon Martin", révélant au passage avoir été stigmatisé à une époque en raison de la couleur de sa peau. Mardi, il a même admis avoir écrasé une larme devant le film "Le Majordome", qui retrace la lutte pour les droits civiques à travers les yeux d’un serviteur noir de la Maison-Blanche.

La bande-annonce du film :

Le New York Times estime que, n’ayant plus à se soucier d’une réélection, Barack Obama a désormais les mains libres pour évoquer la très sensible question raciale. Tout en se livrant à un numéro d’équilibriste pour être jugé "comme n’importe quel autre président".