Obama-Romney : leur ring, c'est Twitter

© REUTERS
  • Copié
, modifié à
Les candidats américains à la présidence sortent les griffes et s’alpaguent sur le site de microblogging.

C’est le match du siècle qui se joue sur Twitter. Depuis mai dernier, période à laquelle Mitt Romney est apparu comme le futur candidat républicain à la présidence, lui et le président Obama  s’écharpent sur le web.

Des millions de "followers" potentiels électeurs

Des affrontements quasi-quotidiens, en 140 signes, destinés à affaiblir l’adversaire pour décrocher le titre le président des Etats-Unis. Un travail à temps plein pour les équipes de communication des deux adversaires qui gèrent avec minutie leurs réseaux sociaux. Il arrive à Barack Obama d’écrire lui-même sur le site de microblogging, signant alors ses tweets d’un "B.O", pour le plus grand plaisir de ses abonnés.

L’enjeu est de taille : des millions de "followers", potentiels électeurs, qui lisent mais aussi re-tweete - c’est-à-dire qui partagent avec ceux qui les lisent - les invectives des candidats. Barack Obama, qui a été le premier chef d’Etat à utiliser Twitter dès 2007, affiche une nette avance avec 19 millions de followers. Mitt Romney, quant à lui, vient de franchir le million d’abonnés.

Une guerre ouverte

Au coude à coude dans les sondages -  avec respectivement 44% et 43% des intentions de vote - Barack Obama et MittRomney s’interpellent directement sur Twitter. Début août, c’est le républicain qui renforçait l’offensive en postant une vidéo intitulée : "@BarackObama : l’Amérique ne mérite-t-elle pas mieux ?" Il y accuse le démocrate de jouer sur la corde sensible après avoir mis en scène, dans un de ses spots de campagne, un homme ayant perdu sa femme atteinte d’un cancer.

Quelques jours plus tard Barack Obama ripostait en soutenant que "@MittRomney n’[avait] pas proposé une seule nouvelle idée… Il ne [faisait] que recycler de vieilles mesures qui paralysent la classe moyenne depuis des années". Des tweets acérés dans lesquels, comme le veut l’usage, on s’adresse directement à son destinataire.

L’un des plus remarqués et des plus retweetés - 51.000 fois - est la réponse de Barack Obama, la semaine dernière, au célèbre sketch de la chaise vide de Clint Eastwood.  Dès le lendemain, Barack Obama  postait une photo sur le réseau social où on le découvre assis de dos dans un fauteuil. Sur le dossier, une plaque sur laquelle sont gravés deux mots "The President". La photo est accompagnée du tweet suivant : "la place est prise".

Twitter : la campagne en miniature

"Twitter est l’illustration, en miniature, du ton général négatif de cette campagne", analyse François Durpaire, spécialiste des Etats-Unis et auteur des Etats-Unis pour les Nuls. "On est presque à l’opposé de celle menée par Barack Obama en 2008 dans laquelle il mettait un point d’honneur à ne pas être agressif envers ses adversaires", observe-t-il.

"C’est une stratégie qui pourrait le desservir. On ne fait pas campagne qu’en tapant sur son adversaire", met en garde le spécialiste, ajoutant que "ses supporters attendent beaucoup du discours d’Obama jeudi soir" en clôture de la convention démocrate qui se tient en Caroline du Nord.

Les Etats-Unis, laboratoire politique de la France

Une politique-spectacle offensive à laquelle la France n’a pas encore goûtée. Si Twitter a été un des canaux importants de communication pendant la dernière campagne présidentielle pour François Hollande et Nicolas Sarkozy, les candidats à l’Elysée ont préféré la tactique de la guerre froide où chacun s’observe, sans jamais lancer l’offensive.

Il y a certes eu des tweets cinglants comme celui du candidat socialiste le 3 mai dernier qui écrivait "quand on a été le Président de l'échec, on ne peut pas être le candidat de l'espoir !". @Sarkozy2012,  a qui il fait évidemment référence, n’est pas, ici, clairement nommé.

"Les Etats-Unis sont le laboratoire politique de la France. On fait la même chose que là-bas mais avec dix ans de retard. On l’a vu avec la mise en place des primaires (en octobre 2011 pour les socialistes et en octobre prochain pour l’UMP)" observe François Durpaire, ajoutant qu’"il ne serait donc pas étonnant de voir dans quelques années nos campagnes prendre la même tournure".