Obama piégé par les républicains

© REUTERS
  • Copié
avec agences , modifié à
L'échec des négociations sur les coupes budgétaires met Obama dans une situation délicate.

L'échec du super-comité pourrait être celui de trop pour le président américain Barack Obama. Cette commission spéciale, composée de six républicains et de six démocrates, devait s'accorder sur la répartition de 1.200 milliards de dollars (886 milliards d'euros) de coupes budgétaires sur 10 ans. Mais le super-comité a annoncé lundi qu'il ne serait pas en mesure d'arriver à un compromis avant la date prévue, c'est-à-dire d'ici mercredi.

Républicains et démocrates se rejettent la faute

En pleine période pré-électorale, démocrates et républicains se sont aussitôt rejeté la responsabilité de l'échec. Dans un discours prononcé lundi soir, le président démocrate Barack Obama, qui briguera en novembre 2012 un second mandat, a pointé du doigt la responsabilité des républicains, les accusant de s'être obstinément opposés à toute augmentation des impôts des classes favorisées.

Lundi soir, Barack Obama a souligné la responsabilité des républicains :

Côté républicain, on s'en prend au manque d'autorité du président américain et on reproche aux démocrates d'avoir rejeté toute refonte des programmes fédéraux d'assurance maladie qui risquent de plomber les finances publiques avec le vieillissement de la population.

Les Américains blâment plutôt les républicains

Après avoir cédé sur les coupes budgétaires lors des précédentes batailles livrées au Congrès, les démocrates réclamaient une augmentation significative des impôts, notamment pour les riches. Les républicains, qui avaient accepté de revenir sur leur refus de principe de toute hausse des impôts, demandaient en revanche une refonte fondamentale des programmes de sécurité sociale, dont Medicare, ouvert aux plus de 65 ans.

Jusqu'ici, c'est plutôt la version des démocrates qui semble s'imposer dans les esprits. Un sondage publié lundi et réalisé par l'Université de Quinnipiac indique que les Américains étaient plus nombreux à blâmer les républicains du Congrès (44%) que les démocrates et le président Obama (38%) en cas d'échec du super-comité.

Coupes budgétaires automatiques ?

Que va-t-il se passer désormais ? L'été dernier, lorsque ces 1.200 milliards de dollars (886 milliards d'euros) de coupes budgétaires ont été votées en même temps que le relèvement du plafond de la dette, la loi votée prévoyait des coupes automatiques. Réparties pour moitié sur le budget de la défense et pour moitié sur les programmes sociaux, elles s'appliqueront à partir de 2013.

Plusieurs républicains ont toutefois émis le souhait de revenir sur ces coupes automatiques en modifiant la loi. Barack Obama a tout de suite mis fin à cette option. Le président américain a menacé lundi de bloquer par le biais de son veto toute loi qui tendrait à amoindrir la portée des coupes budgétaires. A moins que le Congrès n'adopte un plan de réduction des déficits plus important.

Si l'échec du super-comité est entériné, il reste en effet un an au Congrès pour trouver un terrain d'entente puisque les coupes budgétaires ne s'appliqueront qu'à partir de 2013. Une hypothèse que peu d'analystes trouvent cependant crédible tant républicains et démocrates semblent camper sur leur position.

Le manque de leadership d'Obama

Barack Obama et ses adversaires républicains semblent résignés à patienter jusqu'à la prochaine élection présidentielle. Pour le Washington Post, les deux partis attendent de remporter une victoire électorale suffisante pour pouvoir imposer leur propre plan de réduction des dépenses sans avoir besoin du soutien de l'autre camp. Un jeu dangereux avec le risque de dégoûter un peu plus les électeurs américains déjà désabusés par leurs représentants.

Barack Obama va en outre devoir convaincre les Américains qu'il a conservé sa capacité à diriger le pays. "La stratégie du président de ne pas s'engager en profondeur avec le Congrès comporte un grand risque : celui qu'il soit vu comme échouant à conduire le pays à propos d'une sérieuse menace qui pèse sur le futur du pays, le montant de la dette fédérale", souligne ainsi le New York Times. Nul doute que pendant la campagne présidentielle de 2012, les républicains sauront souligner le manque de réussite d'Obama à mener une réforme à terme depuis son entrée en fonction.