Nucléaire iranien : "Il faudrait que l’Europe se montre particulièrement ferme et persuasive"

Tous les services de renseignements estiment qu'il  faudra à peu près un an à l’Iran pour se doter de la bombe. 2:21
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Didier François, édité par D.G.
"L’idée, c’est quand même d’éviter la guerre", estime Didier François, spécialiste des questions de Défense à Europe 1, après le retrait des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien. 
EDITO

Eviter une escalade nucléaire mais provoquer une guerre économique, ou protéger les intérêts des entreprises étrangères en Iran, quitte à risquer un embrasement du Proche-Orient ? Voilà la difficile équation qui se pose aux diplomates depuis l'annonce de Donald Trump du retrait des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien.

"Nous faisons face à une poudrière et le président Trump a allumé la mèche. On peut imaginer que demain, l'Iran décide de reprendre son programme nucléaire. Est-ce que les Etats-Unis ou Israël décideront à ce moment-là des frappes militaires contre l'Iran et quelles en seront les conséquences ?", s'interroge Robert Malley, ancien négociateur américain pour Barack Obama de l’accord sur le nucléaire iranien en 2015. Au lendemain de l'annonce par chef de l'Etat américain du retrait des Etats-Unis de l'accord, le constat est le même du côté du spécialiste des questions de Défense d'Europe 1, Didier François. "L’idée c’est quand même d’éviter la guerre", estime-t-il, alors que les Chinois, les Russes  et les Européens tentent de sauver l’accord malgré le départ des Américains.

"Guerre économique avec les Etats-Unis". Pour Didier François, le retrait américain pourrait relancer le programme nucléaire iranien. "Or, tous les services de renseignements estiment qu’à partir de cette reprise il faudra à peu près un an à l’Iran pour se doter de la bombe", poursuit-il. Pour que Téhéran demeure dans les cadres de l’accord, la balle est désormais dans le camp des Européens. "L’Europe doit lever les sanctions économiques, comme cela était prévu en échange de l’arrêt de d’enrichissement d’uranium", analyse-t-il, avant de souligner que cela pourrait déboucher sur une "guerre économique avec les Etats-Unis". Pour cela, les Européens doivent avoir une "position ferme et persuasive pour que les entreprises privées osent prendre le risque de perdre l’immense marché américain pour conquérir le potentiel marché iranien", conclut Didier François.