Nouvelle-Calédonie : les incendies menacent les ressources en eau

Nouvelle-Calédonie, incendie forêt, 2005 crédit : MARC LE CHELARD / AFP - 1280
L'incendie de 2005 (image) a ravagé plus de 99% du périmètre de protection des captages en eau. © MARC LE CHELARD / AFP
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avec AFP , modifié à
Chaque année, entre 15 et 20.000 hectares de végétation partent en fumée en Nouvelle-Calédonie.

La quasi-totalité des périmètres de protection des captages en eau de Nouvelle-Calédonie est dégradée, essentiellement à cause des incendies, mais aussi de la mine et des espèces envahissantes, menaçant la ressource en eau, a révélé une étude du Fonds mondial pour la nature (WWF).

90% des "châteaux d'eau" naturels sont dégradés. "On tire la sonnette d'alarme pour alerter les pouvoirs publics sur l'état de la forêt calédonienne", a déclaré à l'AFP Emma Do Khac, coordonnatrice des programmes forêts au WWF de Nouméa. Pendant six mois, l'ONG a dressé un état des lieux des "châteaux d'eau" naturels de l'île, évaluant, notamment grâce à des images satellite, la conservation des forêts humides autour des captages hydriques. "Nos conclusions montrent que 90% de la surface de ces périmètres est dégradée et 53% très dégradée", a indiqué l'ingénieur forestier, citant les incendies comme principaux responsables de cette situation.

"Le rythme de dégradation est affolant." Chaque année, entre 15 et 20.000 hectares de végétation partent en fumée en Nouvelle-Calédonie - soit environ 1% de la superficie totale de l'île - où les moyens de lutte demeurent insuffisants et alors qu'aucune politique globale anti-feux n'est menée. À Dumbéa (commune voisine de Nouméa), où un violent incendie a frappé fin 2005 la montagne des sources, réserve en eau du Grand Nouméa, plus de 99% du périmètre de protection des captages en eau (PPCE) sont mal en point. "Le rythme de dégradation est affolant alors que la réparation est très longue", a déclaré Emma Do Khac, estimant que l'alimentation en eau potable était "durablement menacée".

Le changement climatique accentue la dégradation. L'exploitation des mines de nickel et les espèces envahissantes, tels que le cerf et le cochon sauvage, sont également incriminées dans la détérioration du rôle d'éponge que jouent les forêts. "Dans un contexte de changement climatique avec des phénomènes cycloniques plus intenses, une concentration des pluies et des sécheresses plus violentes, ce constat est encore plus alarmant", a-t-elle indiqué.

Un risque accru de glissement de terrain. Le risque accru de glissement de terrain est également souligné par cette étude, publiée près d'un mois après qu'un tel phénomène a provoqué, le 22 novembre, la mort de cinq personnes et la disparition de trois autres dans le village de Houaïlou (côte est). Le glissement de terrain s'est produit en contrebas d'anciennes mines dans une zone touchée par les incendies, à l'occasion de pluies diluviennes.