Norvège : deux attentats meurtriers

La capitale norvégienne a été frappée par un attentat avant qu'une fusillade éclate sur une île.
La capitale norvégienne a été frappée par un attentat avant qu'une fusillade éclate sur une île. © Impression écran Youtube
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et Raphaëlle Schapira et agences , modifié à
Le bilan de la fusillade et de l'attentat à Oslo vendredi s'élève à au moins 93 morts.

C'est la stupeur en Norvège après les deux drames qui se sont joués coup sur coup dans la journée de vendredi. Le coeur de la capitale, Oslo, a d'abord été frappé par un attentat, à proximité de plusieurs ministères. Puis une fusillade a éclaté sur une île à une trentaine de km d'Oslo, où se tenait un rassemblement de jeunes.

La fusillade a fait "au moins 85 morts"

Le bilan de la double attaque s'élève pour l'instant à au moins 93 morts. L'explosion près du siège du gouvernement norvégien a fait sept morts et neuf blessés graves, d'après le commissaire par intérim de la police d'Oslo, Sveinung Sponheim. "Au moins 85 personnes sont mortes au cours de la seule fusillade" sur l'île d'Utoeya", près d'Oslo, a déclaré samedi de son côté un porte-parole de la police, Are Frykholm.

Le suspect arrêté vendredi soir a été inculpé pour la fusillade, mais aussi pour l'attentat à la bombe a annoncé samedi la police norvégienne. Dépeint par la police comme un "fondamentaliste chrétien" de droite, le suspect a été membre du parti du Progrès (FrP), la droite populiste.

"Des personnes qui couraient, couvertes de sang"

Bâtiments officiels défigurés, victimes qui reçoivent les premiers soins sur des trottoirs jonchés de débris de verre... c'est un spectacle de désolation qu'offrait le centre d'Oslo en fin d'après-midi vendredi. Le coeur de la capitale norvégienne venait d'être frappé par un attentat à la bombe.

Entendue à des kilomètres à la ronde, l'explosion a soufflé les fenêtres des ministères alentours, dont celles du bureau du Premier ministre Jens Stoltenberg, qui ne s'y trouvait pas à ce moment-là. Un journaliste du principal tabloïd norvégien Verdens Gang, dont la rédaction était aux premières loges de l'attaque, a décrit "l'enfer".

"Ce que j'ai vu, c'était des dizaines de personnes qui couraient partout, criant et pleurant, blessées, couvertes de sang", a déclaré le reporter, Jon Magnus. "J'ai vu des personnes allongées sans vie sur les trottoirs de la rue", a encore raconté le journaliste. Selon un bilan encore provisoire, l'explosion a fait sept morts et deux blessés graves.

Quelques heures plus tard, une fusillade a éclaté sur la petite île d'Utoeya, à une trentaine de kilomètre au nord-ouest d'Oslo. Un homme déguisé en policier a ouvert le feu alors que près de 600 jeunes gens étaient rassemblés pour une université d'été de la jeunesse travailliste, à laquelle devait d'ailleurs participer le Premier ministre. Un premier bilan a fait état de dix morts, alors que des jeunes avaient tenté de fuir à la nage. Des explosifs qui n'ont pas détoné ont également été retrouvés sur l'île d'Utoeya.

Il s'était fait passer pour un policier

Concernant la fusillade sur l'île d'Utoeya, l'homme a prétendu venir examiner le dispositif de sécurité, et a expliqué aux gardes qu'il s'agissait d'une mesure de simple routine avant de montrer ses papiers et de prendre le bateau. Selon la presse locale, le suspect aurait réuni les jeunes militants dans la salle de conférence, leur disant qu'il était policier et qu'il voulait leur parler de l'explosion qui venait d'avoir lieu dans le centre d'Oslo. L'homme est alors entré dans la salle, a sorti ses armes et leur a tiré dessus, sans raison.

Des opinions hostiles à l'islam

Le tireur a été rapidement arrêté et interrogé par la police. Selon le ministre de la Justice, le suspect est un Norvégien "de souche" de 32 ans. La police a indiqué que cet homme était vraisemblablement également lié à l'attentat commis dans le centre d'Oslo plus tôt dans la journée.

L'homme de 32 ans avait des opinions hostiles à l'islam, a annoncé samedi la police norvégienne, sans toutefois révéler ses mobiles. Sur la foi des informations qu'il a postées sur Internet, l'homme inculpé samedi, un Norvégien "de souche" âgé de 32 ans, est un "fondamentaliste chrétien", a dit un responsable de la police.

Il s'agit par ailleurs d'un ancien membre de la formation de la droite populiste, le parti du Progrès (FrP), et de son mouvement pour la jeunesse, a annoncé le parti samedi. "Cela m'attriste encore plus d'apprendre que cette personne a été parmi nous", a déclaré la présidente du FrP, Siv Jensen, dans un communiqué. La formation a précisé que le suspect, identifié comme Anders Behring Breivik par les médias norvégiens, a rejoint ses rangs en 1999 et qu'il a été radié du parti en 2006.

Le suspect a par ailleurs a acheté six tonnes d'engrais agricoles qui lui ont été livrés le 4 mai dernier, a annoncé samedi un détaillant de produits agricoles. Certains engrais peuvent servir à la fabrication d'engins explosifs artisanaux. Identifié par les médias norvégiens sous le nom d'Anders Behring Breivik, le suspect a passé commande par le biais de son entreprise, précise le détaillant.

Condoléances et condamnation

Le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg a qualifié samedi de "tragédie nationale" la double attaque. "Jamais depuis la Seconde guerre mondiale, notre pays n'avait été frappé par un crime de cette ampleur".

Les condoléances ont afflué du monde entier. Nicolas Sarkozy a condamné un "acte odieux et inacceptable". La candidate verte à la présidentielle, Eva Joly, qui a la double nationalité française et norvégienne, a adressé à "tous les citoyens de Norvège un message de solidarité".

Barack Obama a, de son côté, appelé à lutter contre le terrorisme. Quant à la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, elle a assuré que "l'Union européenne est disposée à apporter son soutien à la Norvège en ces temps difficiles".

L'organisation européenne de coopération policière Europol a mis en place une cellule de crise qui alimente en informations les autorités norvégiennes et celles des pays voisins. La cellule de crise "vérifie actuellement si le nom du suspect figure dans les importantes bases de données" d'Europol et "offre tout le soutien opérationnel possible aux autorités norvégiennes", a annoncé son directeur.