Niger : les dessous de l’opération française

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avec François Clauss, envoyé spécial au Niger , modifié à
Satellite, avion suréquipé, experts : Europe1 a enquêté sur les moyens de recherche des otages.

Ils scrutent la moindre parcelle du désert. Une batterie d’experts et militaires a été déployée au Niger et au Mali pour tenter de localiser les sept otages enlevés le 16 septembre dernier à Arlit et dont on reste sans nouvelles. Les cinq Français, le Togolais et le Malgache, seraient détenus dans une région montagneuse du Mali.

Des militaires chevronnés

Sur place, les militaires sont en pleine phase d’observation. La priorité absolue reste de localiser au plus vite les ravisseurs et les otages pour obtenir leur libération dans les meilleures conditions.

Pour cela, quatre-vingt experts français, spécialistes de la surveillance en milieu difficile, ont été dépêchés. Une majorité d’hommes, mais quelques femmes également font partie de cette équipe de militaires chevronnés. Leur mission est de scruter le désert depuis leurs avions - des Breguet Atlantiques - équipés d’une batterie d’écrans radars. Les clichés, pris depuis leurs appareils, sont ensuite analysés à Paris ou à Niamey, la capitale nigérienne, par les services spécialisés.

Un satellite espion

Mais ce dispositif déployé au Niger, par l’armée française, n’est que la partie visible de l’iceberg. D’autres moyens, beaucoup plus confidentiels, ont été mis en oeuvre pour localiser les sept otages. L’atout maître du dispositif français se trouve, en fait, en orbite, à 700 kilomètres de la terre.

Il s’agit du satellite espion Hélios, un satellite de reconnaissance. Une version militaire du satellite d’observation civil Spot, extrêmement élaborée, qui permet d’obtenir des photos ou des clichés infrarouges d’une très haute définition, de jour comme de nuit.

Mais ces satellites sont une denrée rare. La Direction du renseignement militaire n’en gère que trois. "Pour une crise de cette ampleur, il est évident qu’elle en a positionné au moins un au dessus du Sahel", décrypte Didier François, grand reporter à Europe1. Une opération qui n’est pas anodine puisque tout changement de position d’un satellite entame les réserves de carburant, non renouvelables, et réduit ainsi la durée de vie opérationnelle du satellite.

Des photos sur 180 degrés

D’autres moyens ont également été mis en œuvre pour obtenir le maximum de données. Des avions supplémentaires ont été déployés au Niger, comme le Mirage F1 CR. Cet appareil est équipé d’une caméra pouvant prendre des photos sur des angles de 180 degrés, tout en restant loin de sa cible. Cet avion, peu connu, a déjà été utilisé en France pour préparer l’arrestation des frères Hornec, ces figures du grand banditisme que la police n’arrivait pas à approcher dans le Val d’Oise.

La France a également déployé des avions Atlantiques 2, spécialisés dans la détection des colonnes de véhicules rebelles, ainsi que le fleuron de la DRM, le Transall Gabriel. Cet avion d’interception électronique est capable d’écouter en direct des conversations téléphoniques et de les exploiter immédiatement grâce aux traducteurs qui sont à son bord.

Pour le moment les militaires français restent en phase d’observation. La question d’une intervention militaire ne se poserait que si la vie des otages était directement menacée.