Nairobi : le siège du Westgate se poursuit

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et Martin Feneau, envoyé spécial d'Europe 1 à Nairobi, avec agences , modifié à
ESSENTIEL - Plusieurs assauts des forces de sécurité kényanes pour libérer les derniers otages ont été lancés.

#L’ESSENTIEL

- Des islamistes somaliens sont retranchés depuis samedi dans un centre commercial de Nairobi, au Kenya.
- Un dernier bilan fait état de 62 morts. 62 personnes sont encore portées disparues.
- La plupart des otages ont pu être secourus. Ils seraient encore une dizaine aux mains des assaillants qui menacent de les tuer.
- Un troisième assaut a été lancé lundi pour tenter de déloger les islamistes. "Plus de 10 suspects" ont été arrêtés.
- La justice française a diligenté une enquête.

#LES DERNIÈRES INFOS

Explosions et fusillades. Un nouvel assaut a été lancé lundi contre le centre commercial, attaqué par des islamistes somaliens il y a plus de quarante heures. Sur place, l’envoyé spécial d’Europe 1 a entendu une série de détonations et des tirs nourris. Les affrontements ont continué lundi après-midi entre les forces de l'ordre et les assaillants, qui, selon l'armée kényane, viennent de plusieurs pays différents. Le ministre kényan de l'Intérieur, Joseph Ole Lenku, a cependant estimé que l'opération touchait désormais "à sa fin". "Nous contrôlons tous les étages (du centre commercial), les terroristes ne peuvent pas s'échapper", a-t-il assuré. Selon le dernier bilan disponible de la Croix-Rouge, l'attaque, en cours depuis plus de 48 heures à Westgate, a fait au moins 62 morts, autant de disparus, et près de 200 blessés.

L'arrestation de dix suspects. Son ministère a indiqué qu'un assaillant supplémentaire avait été tué, soit "trois terroristes" abattus. Il a par ailleurs annoncé l'arrestation de plus de 10 suspects, "pour interrogatoire", sans préciser le lieu ou les circonstances de ces arrestations.

Des images de l'assaut :

Sur Twitter, le quotidien kényan The Daily Nation a posté une photo de la fumée qui se dégage.

Les shebab somaliens ont menacé d'abattre les otages encore entre leurs mains, selon un message posté sur un site internet islamiste.

Dimanche soir, l’armée et la police kényanes avaient promis une "issue rapide" à ce drame qui a déjà fait 69 morts. La Croix-Rouge a aussi fait état de 63 disparus.

> EN IMAGES : Retour sur 24 heures de terreur

Kenya attaque dans un centre commercial de Nairobi

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La plupart des otages secourus. Le chef de la police kényane, David Kimaiyo, a lui affirmé que des otages avaient été libérés dans les assauts donnés lundi, sans préciser combien de personnes avaient été secourues et combien restaient prises au piège. Par ailleurs, la France ne dispose pas d'indications lui permettant d'affirmer que des Français figurent parmi les otages encore retenus dans le centre commercial de Nairobi, a déclaré lundi Laurent Fabius. "J'ai demandé à l'ambassade de prendre contact avec les 1.400 Français qui sont enregistrés au consulat et à l'ambassade et apparemment il n'y a pas (...) de personne manquante. Il peut y avoir tel ou tel touriste mais en ce moment ce n'est pas confirmé", a dit le ministre français des Affaires étrangères sur BFMTV.

Le président Barack Obama a qualifié lundi de "terrible tragédie" l'attaque meurtrière dans un centre commercial de Nairobi, et a promis que les Etats-Unis apporteraient "tout le soutien nécessaire" au Kenya.

Des victimes françaises. Plusieurs étrangers figurent parmi les victimes, dont deux Françaises, une mère et sa fille. "Nous avons deux de nos compatriotes qui ont été sauvagement assassinées", a commenté lundi sur Europe 1 le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, pour qui les terroristes "s'attaquent à nos valeurs fondamentales". La section antiterroriste du parquet de Paris "a ouvert une enquête préliminaire pour assassinat et tentative d'assassinat en lien avec une entreprise terroriste", et cette décision a été prise dès qu'a été connue la présence de ressortissants français parmi les victimes, selon une source citée par l'Agence France Presse. Cette démarche est classique quand des Français sont victimes d'attentats à l'étranger.

Un commando lourdement armé. C’est samedi qu’un commando islamiste lourdement armé a fait irruption au "Westgate Mall", un luxueux centre commercial de la capitale, fréquenté par les riches Kényans et les expatriés. Ils ont alors ouvert le feu à l’arme automatique et à la grenade sur les clients et les employés du centre. Par petits groupes, des victimes ont pu être évacuées au cours de la soirée, au fur et à mesure de la progression des forces de l’ordre. Des images de vidéosurveillance ont été visionnées par un quotidien kényan. Elles confirment les récits des témoins et montrent que la plupart des assaillants sont passés par l'entrée principale, tandis qu'un autre groupe pénétrait dans le bâtiment par le parking. A leur arrivée, ils ont aussitôt lancé deux grenade, dont une seule a explosé.

Cette vidéo a été filmée par un témoin dans un supermarché du centre :

"Le chaos et l'enfer". Hamed Aqerrout, journaliste marocain, est un rescapé de la prise d'otages. Sur Europe 1, il raconte avoir vu les assaillants tirer "à bout portant sur tout ce qui bougeait". "C'était le chaos, l'enfer", décrit-il, indiquant avoir vu deux personnes se faire exécuter sous ses yeux.

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Des shebab en Somalie, REUTERS

L’attaque revendiquée par les shebab somaliens. Les shebab somaliens, affiliés à Al-Qaïda, ont revendiqué l’attaque via leur compte Twitter. "Ce que les Kényans voient à Westgate, c’est de la justice punitive pour les crimes commis par leurs soldats" en Somalie "contre les musulmans", ont écrit les islamistes, assurant avoir "tué plus de 100 infidèles kényans". Ces hommes sont détenteurs de différentes nationalités, a affirmé lundi le chef de l'armée kényane, Julius Karangi.

> ZOOM : Qui sont les shebab somaliens ?

Des Américains parmi les assaillants ? D'après une liste publiée sur un compte Twitter depuis supprimé, des Américains feraient partie des assaillants du centre commercial. La piste, pour l'instant impossible à vérifier, est prise au sérieux par le FBI. Aux États-Unis, où vit la plus grande communauté d'expatriés somaliens, les shebab recrutent activement. Depuis 2007, plus de quarante Américains auraient ainsi rejoint le mouvement et, dès 2011, un rapport du Congrès tirait la sonnette d'alarme. Sur l'antenne de la BBC, un homme présenté comme un "commandant" des shebab somaliens a toutefois démenti la présence d'étrangers parmi les assaillants à Nairobi.

Le procès du vice-président ajourné. William Ruto, le vice-président kényan, actuellement jugé par la Cour pénale internationale pour son rôle dans les violences post-électorales en 2007, a été autorisé à s'absenter pendant une semaine afin de gérer la crise.