Murdoch dans la tourmente

Rupert Murdoch a dû accepter un report de son projet de rachat de BSkyB.
Rupert Murdoch a dû accepter un report de son projet de rachat de BSkyB. © REUTERS
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avec MLC et agences , modifié à
Les députés britanniques veulent entendre le patron de presse concernant des écoutes téléphoniques.

La tempête se rapproche. Le magnat de la presse Rupert Murdoch se retrouve en première ligne dans le scandale des écoutes illégales menées par des titres de son groupe de presse, News Corp. Mardi, la commission des médias à la Chambre des communes a demandé à entendre le magnat de la presse, qui devra donc s’expliquer sur les méthodes crapuleuses employées par les titres du groupe, News of the World, le Sun et le Sunday Times.

Également dans le viseur des députés : le fils de Murdoch, James, président de News International, et Rebekah Brooks, directrice générale du groupe. "Ils ont trompé le pays et leurs lecteurs. Je crois qu’il incombe aux députés de savoir de quoi il retourne, s’indigne ainsi un élu travailliste britannique.

"Scénario cauchemardesque"

Rupert Murdoch, 80 ans, est depuis dimanche au Royaume-Uni pour tenter d’éteindre l’incendie. La tâche est ardue, car en plus du sulfureux News of the World, qui a fermé dimanche, le Sunday Times et le Sun, deux autres titres du groupe, sont maintenant pointés du doigt par l’ancien Premier ministre Gordon Brown. Les journalistes ont eu recours à des "moyens criminels" pour obtenir des informations sur son compte - notamment sur la maladie de son fils ou encore sur ses comptes bancaires -, a-t-il déclaré à la BBC.

Des révélations qui représentent un "scénario cauchemardesque" pour Murdoch, note The Independent. Et le quotidien de signaler que les affaires du milliardaire australo-américain risquent de pâtir du scandale : lundi, Murdoch a en effet dû accepter le report du rachat du bouquet satellitaire BSkyB. Un projet qui a réussi à fédérer contre lui les trois grands partis britanniques, au nom du respect du pluralisme dans les médias. Mercredi, les députés conservateurs, libéraux-démocrates et travaillistes devraient donc voter une motion exigeant l’abandon du projet.

Pas d'acheteur pour les journaux de Murdoch

Murdoch en est désormais réduit à envisager de vendre tous ses journaux britanniques - The Sun, The Times of London et The Sunday Times -, affirme mercredi le Wall Street Journal. Pour le moment, sans succès. Selon le quotidien économique, News Corp a "sondé de manière informelle l'intérêt de potentiels repreneurs pour son activité de presse écrite au Royaume-Uni, News International". Mais "vu le contexte économique difficile pour la presse, aucun acheteur ne s'est manifesté", poursuit le journal.

Pour ne rien arranger, des actionnaires américains ont décidé de radicaliser une plainte déposée en mars contre News Corp, dénonçant une "longue histoire d’abus" et de népotisme.

Mais The Telegraph rappelle que l’homme est habitué au scandale : "ce n’est pas le premier rodéo de Murdoch, et ce ne sera pas son dernier".