Moscou : toujours aucune revendication

La sécurité est renforcée considérablement à l'aéroport de moscou-Domedovo.
La sécurité est renforcée considérablement à l'aéroport de moscou-Domedovo. © Reuters
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L'auteur de l'attentat-suicide serait un homme de type européen. La piste caucasienne est évoquée.

Une grande confusion règne autour de l'attentat-suicide, survenu lundi à l’aéroport international de Moscou-Domodedovo. Selon les dernières informations des enquêteurs, l'auteur de l'attentat serait un homme âgé entre 30 et 40 ans et de type européen. Dans un premier temps, il avait été indiqué que le kamikaze était un homme de type arabe âgé de 30-35 ans et ensuite qu'il s'agissait d'une femme, accompagnée d'un complice.

Et puis l'attaque n’a toujours pas été revendiquée. Et ce, à la grande surprise des autorités en comparaison des autres attentats qu'a connus le pays.

"Un message des séparatistes"

Pour autant, les enquêteurs s’orientent vers la piste caucasienne. "On s’attendait à ce qu’il y ait une réaction du Caucase", suite à la "rixe géante" survenue à Moscou, entre Russes et Caucasiens il y a peu, a expliqué Gérald Autier, président des Français de Moscou, lundi, au micro d’Europe 1.

Une analyse partagée par Vitali Dinaski, journaliste aux Echos de Moscou. Pour lui, l’attentat, qui a fait entre 29 et 35 morts selon les sources, est "un nouveau message des séparatistes caucasiens", Tchétchènes ou autres. "C’est internationalisé, ils ont des relations avec les extrémistes arabes", a-t-il assuré à Europe 1.

"Officiellement, cette piste tchétchène n’a pas été évoquée par autorités russes. Ce qui est assez bizarre", a toutefois relevé Anne Nivat, grand reporter et spécialiste du Caucase. "Le Kremlin prend beaucoup plus de précaution" que ces dernières années, a-t-elle précisé.

Un mouvement islamiste armé dans le Caucase

Les autorités russes accusent régulièrement des mercenaires arabes de soutenir sur le terrain la rébellion qui mine le Caucase russe depuis le début de la première guerre de Tchétchénie en 1994. Après ce conflit entre forces russes et indépendantistes, la rébellion s'est progressivement islamisée et a de plus en plus débordé les frontières tchétchènes pour se transformer au milieu des années 2000 en un mouvement islamiste armé actif dans tout le Caucase du Nord.

En mars dernier, deux attentats suicide, visant deux stations du métro de Moscou, avaient fait 40 morts. L’attaque avait été revendiquée par la rébellion qui lutte contre les forces russes dans les républiques du Caucase du Nord.

La rébellion du Caucase, fondée en 2007

La rébellion armée du Caucase russe est un mouvement islamiste né sur les cendres de la rébellion séparatiste tchétchène, vaincue par les forces russes. Baptisé "Emirat du Caucase", ce mouvement veut rassembler les différents factions rebelles actives dans les républiques du Caucase russe (Tchétchénie, Ingouchie, Daguestan, Kabardino-Balkarie, Karatchaïevo-Tcherkessie, district de Stavropol et Ossétie du Nord) qui agissent cependant avec une large autonomie.

 

Il a été fondé en 2007 par Dokou Oumarov, alias Abou Ousman, qui, après être devenu en 2006 "président" des indépendantistes tchétchènes à la suite de la mort d'Abdoul-Khalid Saïdoullaïev, a élargi la zone de combat des rebelles en proclamant une guerre sainte dans tout le Caucase russe, où la violence se répand depuis. Ce mouvement est considéré par les observateurs comme l'hériter de la stratégie du défunt chef de guerre Chamil Bassaïev, responsable des attaques les plus sanglantes de la guérilla, comme la prise d'otages de l'école de Beslan (septembre 2005) qui avait été dénoncée par les indépendantistes.

 

Les dirigeants de "l'Emirat du Caucase" répètent régulièrement à ce titre que les civils en Russie sont une cible légitime de leurs attaques.