Moscou: hommage aux victimes de la terreur stalinienne

Près de 200 personnes se sont réunies samedi devant la pierre Solovsky, dans le parc Lubyanka, à Moscou.
Près de 200 personnes se sont réunies samedi devant la pierre Solovsky, dans le parc Lubyanka, à Moscou. © AFP
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avec AFP , modifié à
Samedi, des centaines de Moscovites ont rendu hommage aux victimes de la terreur stalinienne en lisant toute la journée le nom de personnes fusillées à Moscou. Près de 20 millions de personnes avaient trouvé la mort.

"Jiganine Ivan Gueorguievitch, 59 ans, employé du service de la voirie, fusillé le 31 décembre 1937". Toute la journée, les noms des victimes de la terreur stalinienne ont été lus, pour ne pas oublier cette période sombre de l'histoire russe qui a atteint son apogée dans les années 1937 et 1938. Près de 200 Moscovites se sont réunis devant l'ancien siège des services secrets de Staline, aujourd'hui devenu celui du FSB (ex-KGB), pour participer à cette cérémonie organisée par l'ONG Mémorial qui se consacre à l'histoire des répressions en URSS.

Des prêtres, des ouvriers, des ingénieurs. "Jiganine Ivan Gueorguievitch, 59 ans, employé du service de la voirie, fusillé le 31 décembre 1937, Eromenko, Grigori Mitrofanovitch, 22 ans, ouvrier, fusillé le 16 mars 1938, Guerassimov Nikolaï Grigorievitch, 33 ans, éducateur sportif, fusillé le 13 avril 1937...". Dans le froid et la neige, les Moscovites égrènent le nom des victimes du stalinisme. Une lecture qui donne le vertige et souligne l'ampleur de la répression autant que son caractère arbitraire : dans cette liste, des jeunes de 19 ans et des vieillards de plus de 80 ans, des Russes, des Juifs, des Tatars, des Polonais, des militaires et des civils, des prêtres, des ouvriers et des ingénieurs, une religieuse, des boulangers, des fonctionnaires, des conducteurs de tramway...

Après avoir évoqué le nom de ces victimes anonymes, nombreux sont ceux qui ajoutent, parfois avec les larmes aux yeux: "Et mon père, fusillé en 1938" ou bien "Et mon grand-père, mort de faim dans un camp..." "Je suis venu pour honorer la mémoire de toutes ces victimes de la terreur. Plusieurs personnes ont été fusillées dans ma famille et ma grand-mère a passé des années dans les camps", explique Nikolaï Borissov, un restaurateur moscovite de 36 ans.

Aucune commémoration officielle. Cette cérémonie a lieu la veille de la Journée du souvenir des victimes des répressions politiques, créée en 1991 par le président Boris Eltsine. Cette date n'est aujourd'hui marquée par aucune commémoration officielle de la part des autorités russes. Selon des historiens russes et occidentaux, la terreur stalinienne a fait quelque 20 millions de morts en incluant les exécutions massives, les morts au Goulag et en déportation dans des zones insalubres, ainsi que la famine en Ukraine et dans plusieurs régions de Russie