Mort de Jamal Khashoggi : les explications des Saoudiens "pas crédibles", selon Londres

Très critique envers le régime de Ryad, Jamal Khashoggi n'a plu reparu depuis qu'il s'est rendu au consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre.
Très critique envers le régime de Ryad, Jamal Khashoggi n'a plu reparu depuis qu'il s'est rendu au consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre. © MOHAMMED AL-SHAIKH / AFP
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avec AFP , modifié à
Interrogé par la "BBC", le ministre britannique chargé du Brexit, Dominic Raab, a jugé que les explications de l'Arabie saoudite "ne sont pas crédibles" concernant la mort du journaliste Jamal Khashoggi dans son consulat, en Turquie. 

Un ministre britannique a estimé dimanche que les explications fournies par l'Arabie saoudite sur la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans son consulat en Turquie n'étaient "pas crédibles", tout en excluant une rupture des relations du Royaume-Uni avec Ryad.

"Il existe un doute sérieux sur l'explication qui a été donnée". "Non, je pense qu'elles ne sont pas crédibles", a déclaré le ministre chargé du Brexit, Dominic Raab, interrogé sur la BBC sur les explications fournies par Ryad sur la mort du journaliste, critique du pouvoir saoudien et exilé au Etats-Unis. L'Arabie saoudite a admis samedi, 17 jours après la disparition de Jamal Khashoggi, qu'il avait été tué à l'intérieur du consulat du royaume à Istanbul, après "une bagarre" et "une rixe à coups de poing", sans toutefois révéler où se trouvait le corps. "Nous soutenons l'enquête des autorités turques pour voir quels sont les faits, parce qu'il existe un sérieux doute sur l'explication qui a été donnée", a souligné Dominic Raab.

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Des explications qui ont du mal à convaincre. "Le gouvernement britannique veut que des responsables soient désignés pour cette mort", a-t-il ajouté. Estimant que beaucoup de questions restaient sans réponse, d'autres pays occidentaux ont également réclamé davantage d'explications sur la version saoudienne. Le Canada a jugé "ni crédibles ni cohérentes" les explications de Ryad sur cette affaire, qui a suscité une onde de choc mondiale et terni l'image de Ryad. L'Allemagne les a trouvées "insuffisantes", la France a déclaré que "de nombreuses questions restent sans réponses" et l'Union européenne a demandé une enquête "approfondie" et "transparente".

Des proches du prince Mohammed ben Salmane destitués. Allié des Saoudiens, le président américain Donald Trump avait dans un premier temps jugé crédibles les explications saoudiennes, avant d'estimer qu'elles étaient trop courtes. En confirmant la mort de Jamal Khashoggi, l'Arabie saoudite a annoncé la destitution d'un haut responsable du renseignement, le général Ahmed al-Assiri, et celle d'un important conseiller à la cour royale, Saoud al-Qahtani, deux proches collaborateurs du jeune et puissant prince héritier Mohammed ben Salmane, surnommé MBS.

Dialogue maintenu avec Ryad.  Malgré la crise suscitée par la mort de Jamal Khashoggi, le ministre britannique du Brexit a exclu que son gouvernement puisse couper ses relations avec Ryad, alors que le Royaume-Uni est régulièrement critiqué par l'opposition travailliste et des ONG pour ses exportations d'armes vers l'Arabie saoudite.  "Nous ne (...) mettons pas un terme à la relation avec l'Arabie saoudite, non seulement parce qu'un grand nombre d'emplois en dépendent au Royaume-Uni, mais aussi parce qu'il faut pouvoir dialoguer avec nos partenaires si on veut exercer une influence sur eux", a expliqué Dominic Raab.