Mort de Jamal Khashoggi : "La pression sur l'Arabie saoudite ne doit pas être relâchée", appelle Reporters sans frontières

© MOHAMMED AL-SHAIKH / AFP
  • Copié
Jean Gabriel Bourgeois, édité par Anaïs Huet , modifié à
Au lendemain de la reconnaissance par l'Arabie saoudite de la mort du journaliste Jamal Khashoggi, les ONG attendent des dirigeants internationaux qu'ils maintiennent la pression sur le pays.
INTERVIEW

Il a fallu attendre 17 jours pour que l'Arabie saoudite reconnaisse que le journaliste Jamal Khashoggi était bien mort à l'intérieur de son consulat à Istanbul, en Turquie. Une bagarre aurait conduit à son décès, selon l'explication officielle de Ryad. Jusqu'ici, l'Arabie saoudite avait expliqué que Khashoggi était entré et ressorti vivant du consulat et dénonçait des accusations "sans fondements".

Le souvenir de Raïf Badawi. Interrogé par Europe 1 dimanche, Christophe Deloire, le secrétaire général de Reporters sans frontières, a dénoncé un régime qui brime la liberté d'expression et tue ses journalistes. Le commanditaire du meurtre de Jamal Khashoggi "est un commanditaire d'Etat. L'Arabie saoudite est un pays dans lequel Raïf Badawi, un trentenaire qui avait ouvert un site Internet qui proposait des débats, a été condamné à dix ans de prison et mille coups de fouet. Il a commencé à les subir, et il croupit toujours dans des conditions détestables. Depuis septembre 2017, quinze journalistes ont été kidnappés, ou ont disparu. C'est terrifiant", rappelle-t-il sur notre antenne.

Ne pas accorder un "permis de tuer". Depuis l'annonce officielle de la mort du journaliste, les réactions internationales se multiplient et des ONG réclament une enquête indépendante menée sous l'égide de l'ONU. "Ce que nous demandons aujourd'hui, c'est que la pression sur l'Arabie saoudite ne soit pas relâchée, qu'il n'y ait pas de politique de compromis. Car ce serait comme accorder à Ryad une forme de permis de tuer", juge Christophe Deloire. "Il est de la responsabilité des dirigeants politiques de maintenir la pression pour que des régimes despotiques, qui perpétuent des actions de plus en plus terribles, ne soient pas incités à continuer. Il faut dire stop."