Migrants : 50.000 arrivées dans les îles grecques en juillet

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Les migrants font la queue pour s'enregistrer auprès des autorités sur l’île de Lesbos © ACHILLEAS ZAVALLIS / AFP
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avec Sébastien Krebs , modifié à
GRÈCE - La vague de migrants submerge autorités et humanitaires grecs. L'ONU dénonce un manque d'organisation.

C'est l'autre défi de la Grèce cet été. Après la question économique qui a agité le pays en juillet, Athènes est aujourd'hui confrontée à un afflux de migrants qu'elle peine à gérer. Son manque de "responsabilité" a été dénoncé par le Haut Commissariat aux Réfugiés de l'ONU.

Près de 125.000 migrants ont débarqué sur les îles grecques de la mer Egée depuis le début de l'année, et 50.000 pour le seul mois de juillet. C'est sept fois plus que l'an dernier.

Un nouveau chiffre, publié mardi à la mi-journée, fait état de 20.843 personnes arrivées en Grèce par la mer, la semaine du 8 au 14 août. Un nombre qui représente 50% du total des arrivées de migrants par la mer enregistrées sur toute l'année 2014.

Signe qui ne trompe pas : la soupe populaire, où sont servis un millier de repas chaque jour, a fait appel au renfort de l'Eglise Catholique, sur demande de la ville d'Athènes, démunie.

"L'hypocrisie" de l'Europe. À Athènes, les associations qui viennent en aide aux migrants sont dans le rouge. Une organisation, rencontrée par Europe 1, a traité cette année trois fois plus de dossiers de demandes d'asile qu'en 2014. Sans oublier, chaque jour, l'aide humanitaire à apporter à ces réfugiés venus essentiellement de Syrie et d'Afghanistan.

La directrice, Eftalia, désigne un responsable : l'Europe et ces pays qui ne prennent pas leur part du drame qui joue sur les rivages du continent. "Une hypocrisie totale", dit cette femme. "Qu'est-ce que ça veut dire ? La Grèce doit se débrouiller toute seule ? C'est très insultant", estime-t-elle. Quand 2.000 migrants arrivent chaque jour sur les îles grecques, c'est l'affaire de l'Europe, avance Eftalia. "C'est encore une raison pour nous de croire que l'Europe, c'est le droit du plus puissant", retient l'associative.

 

 

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"Une honte pour toute l'Europe". Dans un quartier populaire d'Athènes, les migrants dorment sous les porches, à même le sol. Les humanitaires doivent affronter des moyens minuscules et un afflux de migrants sans interruption. "Ils sont tellement nombreux, on n'a rien pour eux", soupire une membre d'une association au volant de sa camionnette, elle qui assure des maraudes.

La pharmacienne du quartier a les larmes qui lui montent aux yeux. "Je me sens triste : je ne peux rien faire, sinon leur donner un peu de pain. Mais avec cette crise, qui sait si j'aurais encore quelque chose à leur donner demain ?" Là encore, l'Union Européenne est pointée du doigt. "C'est une honte pour toute l'Europe", lance la pharmacienne.

L'Union Européenne s'est engagée la semaine dernière à soutenir financièrement la Grèce, avec 30 millions d'euros à disposition d'Athènes, sur demande. Angela Merkel, dans une interview dimanche, a estimé que la question des migrants allait mobiliser l'Europe "bien plus que la Grèce et la stabilité de l'euro".

 

 

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© LOUISA GOULIAMAKI / AFP

 

 

"Manque d'organisation", dit le HCR. Le gouvernement grec, de son côté, a décidé lundi de déplacer plus de 200 migrants, installés dans un parc d'Athènes, vers une structure construite en banlieue, à Votanikos, avec 700 places disponibles. Mais beaucoup de migrants fuient ce centre d'accueil, par peur d'être renvoyé dans leur pays d'origine.

Une action d'Athènes qui ne devrait pas suffire à apaiser la grogne du HCR. L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés a dénoncé fin juillet le manque de "coordination et de responsabilité" dans l'accueil des réfugiés en Grèce. "Il n'est pas normal qu'après six ans de financements européens, le pays ne dispose que de 1.100 places d'hébergement", avait déploré Vincent Cochetel, directeur pour l'Europe du HCR.

 

 

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L'engorgement des autorités grecques a généré de fortes tensions, la semaine dernière, à Kos, où 7.000 migrants étaient bloqués, face à des policiers en peine pour gérer les laissez-passer. La ville ne dispose d'aucune structure d'accueil. Le stade de la ville a dû accueillir les files d'attente et le gouvernement a dû dépêcher un bateau-hôtel.