Elections de mi-mandat : les Clinton, l'arme secrète des démocrates

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Les Clinton s'impliquent dans la campagne des Midterms. Pour éviter une déculottée au parti démocrate, mais aussi pour placer Hillary en bonne position pour la prochaine présidentielle.

Les Clinton partent en road-trip. "Certaines personnes sont douées pour lever des fonds. D'autres pour convaincre les électeurs. Les Clinton sont bons dans les deux domaines". Steve Israel, élu du parti démocrate à New York, ne tarit pas d'éloges sur l'ex-couple présidentiel américain. Il faut dire que Bill et Hillary mettent du cœur à l'ouvrage depuis un mois et demi. Engagés dans un interminable road-trip américain, meeting après meeting, ils sillonnent sans relâche les Etats-Unis pour éviter au parti démocrate le prévisible revers qui s'annonce aux élections de mi-mandat.

Arkansas, Louisiane, Caroline du Nord, Colorado, Minnesota, New York… Une douzaine d'Etats en tout, pas choisis par hasard. Tous sont des points chauds où le représentant local du parti démocrate souffre de l'impopularité latente de Barack Obama. Un journaliste du Washington Post résume les ordres de mission du couple Clinton : "aller là où le président ne peut se rendre pour regagner les cœurs des électeurs déçus".

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Bill, un "vieux cheval de course sur le retour". Retiré de la scène politique depuis la fin de ses deux mandats présidentiels de 1992 à 2000, Bill Clinton renoue avec ses habitudes du "bon vieux temps". Lors d'un déplacement dans le Maryland, il s'amusait de ce retour au premier plan : "Je me sens comme un vieux cheval de course que les gens ressortent pour le remettre en piste et lui flattent la croupe pour voir s'il peut recourir rien qu'une fois."

Et l'ex-président est encore fringant. Il se révèle aussi convaincant auprès des mécènes, indispensables pour financer la campagne de mi-mandat la plus onéreuse de l'histoire du pays (4 milliards de dollars), que séduisant auprès des électeurs. Il a ainsi réuni 250.000 dollars dans le New Hampshire, puis à Louisville, dans le Kentucky, il est parvenu à lever 600.000 dollars en l'espace d'une soirée seulement.

Les champions de la levée de fonds. Dans cet Etat du nord-est où le parti démocrate est particulièrement en difficulté, Bill Clinton a aussi épaulé la candidate Alison Lundergan Grimes lors de ses meetings. La jeune femme n'ose même pas dire aux médias si elle a voté Obama lors de la dernière présidentielle, et encore moins faire la moindre allusion au chef d'Etat lors de ses réunions politiques. Le passage de Bill Clinton est donc une opportunité idéale pour elle d'évoquer avec nostalgie les huit années de son mandat, qu'elle qualifie devant les militants de "décennie de prospérité".

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Mais la palme revient à Hillary, qui, lors d'une visite en Californie, a réuni 3.5 millions de dollars dont 2.1 millions venant des seules fortunes de magnats hollywoodiens Jeffrey Katzenberg et Steven Spielberg. Elle a même défendu la candidature du démocrate Mark Udall dans une campagne très serrée au Colorado face au républicain Croy Gardner. Le sénateur sortant John Hickenlooper, n'a pu que saluer l'initiative en qualifiant l'ex-couple présidentiel de "leaders les plus efficaces du pays".

Des vieux renards de la politique. Si les Clinton s'appuient sur leur notoriété, leur image et leur carnet d'adresse pour exceller dans la recherche de mécènes, ils ont aussi leur propre recette pour séduire les électeurs. Une recette à base d'ingrédients simples : un discours tourné vers les classes populaires, la défense des réformes du système de santé, la promesse d'un retour proche de la croissance et d'une hausse des salaires. Pour faire prendre la sauce, les Clinton saupoudrent le tout d'un brin de mauvaise foi. Bill a par exemple attaqué les Républicains sur le prix exorbitant  de leurs campagnes de publicité agressives menées dans les Etats clés,  alors même qu'il lève lui-même un maximum de fonds pour les Démocrates.

A voir l'ardeur mise par les Clinton dans cette tournée, on pourrait presque les prendre pour des missionnaires entièrement dévoués au parti démocrate. Mais ce coup de pouce donné à mi-mandat a en fait tout d'une répétition générale en vue de la présidentielle de 2016. Hillary a encore deux ans pour se placer dans la course à la Maison-Blanche, et la presse américaine s'attend à ce qu'elle s'exprime à ce sujet après les résultats des Midterms le 4 novembre. Pas étonnant donc qu'elle connaisse actuellement sa période d'activité politique la plus intense depuis son départ du secrétariat d'Etat l'année dernière.

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Renouer avec de vieux amis. Au-delà de la visibilité, cette tournée est l'occasion pour Bill et Hillary de recontacter les vieux amis comme Sean Patrick Maloney, un ancien conseiller de Bill Clinton à la Maison-Blanche et candidat pour un siège Congrès. De la même façon, l'investissement de l'ex-président aux côtés de Grimes au Kentucky n'a rien d'anodin. Le père de Grimes, Jerry Lundergan, est un ami de longue date. Et surtout un homme richissime, capable de faire des donations intéressantes en vue du futur.

On assiste donc à des échanges de bons procédés côté démocrate, où certains misent sur l'ex-première Dame pour 2016 et la flattent dans l'espoir de s'assurer une bonne place. Joaquin Castro, candidat au Texas, lui adressait par exemple un message dithyrambique : Je n'ai aucun doute sur le fait qu'Hillary soit la meilleure personne pour être notre 45eme président. Je suis prête pour Hillary". L'ex-première dame réfute toute ambition via sa porte-parole : "elle travaille pour aider les Démocrates à défendre leurs valeurs. C'est leur seul but."

Difficile de croire à un tel désintéressement tant les Clinton semblent engagés dans de grandes manœuvres en vue de 2016. Si Hillary reste mutique sur le sujet, Bill, lui, n'a pu s'empêcher de sourire quand à la fin de son meeting, le candidat démocrate en Floride lui a dit . "Nous savons qu'il (Bill, Ndlr) ne veut plus de la Maison Blanche. Mais peut-être que lui connaît une candidate potentielle".

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