Mexique : "pas de preuves" de l'incinération des 43 étudiants disparus

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© ALFREDO ESTRELLA / AFP
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N.M. avec AFP , modifié à
Selon une enquête internationale, les 43 étudiants n'auraient pas été incinérés après leur enlèvement en septembre 2014.

Après six mois d'enquête, des experts espagnols et latino-américains, réunis en commission des droits de l'homme, ont présenté un rapport de 500 pages sur la disparition de 43 étudiants en septembre 2014. Ils ont conclu qu'il n'y avait "pas de preuve" qu'ils avaient été incinérés dans une décharge suite à leur enlèvement, contredisant la version du gouvernement. Cet événement avait provoqué un tollé et déclenché des manifestations parfois violentes au Mexique provoquant une grave crise politique.

Pas d'incinération, même pour un seul corps. Selon un professeur de l'Université de Queensland en Australie, Jose Torero, la crémation de 43 corps aurait brûlé la végétation alentour, or seules des traces de petits feux ont été retrouvées sur place. Elle aurait par ailleurs nécessité 30 tonnes de bois, 13 tonnes de pneus et 13 tonnes de diesel. Il n'y a pas de trace de feu correspondant "ne serait-ce qu'à l'incinération d'un seul corps", écrit Torero dans le rapport.

Livrés à des trafiquants de drogue. Le procureur général, Jesus Murillo Karam, avait conclu l'an dernier que la police d'Iguala, aidée par des officiers d'une commune alentour, avaient enlevés les 43 jeunes et les avaient livrés au cartel des Guerreros UnidosCitant les confessions d'un membre de ce cartel de drogue, le procureur avait indiqué que ces étudiants d'Ayotzinapa avaient été tués puis brûlés durant 14 heures avant que leurs cendres ne soient dispersées dans une rivière. Seules les traces ADN d'un étudiant avaient pu être identifiées sur la base de restes dans un sac retrouvé dans la rivière.

Des étudiants suivis par l'armée. Les enquêteurs indépendants ont demandé qu'une enquête soit menée sur l'attitude de la police fédérale et de l'armée lors de cette nuit du 26 au 27 septembre 2014. Au cours de cette dernière, la police municipale de la ville d'Iguala avait ouvert le feu sur les bus volés à bord desquels circulaient les étudiants, en tuant trois sur le coup. Le rapport révèle que la police fédérale et l'armée surveillaient les agissements de ces étudiants provenant d'une école dont les étudiants étaient connus pour leur militantisme de gauche.