Merkel et Hollande : la grande explication

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avec Isabelle Ory , modifié à
L’austérité face à la relance. Mais les deux pays n’ont plus le temps de palabrer.

Les dirigeants européens se réunissent jeudi et vendredi à Bruxelles pour tenter de consolider la zone euro, malmenée par la crise de la dette. Mais face à l'opposition encore très marquée des points de vue français et allemand, Angela Merkel et François Hollande ont décidé de se rencontrer dès mercredi soir à Paris pour tenter de définir une ligne commune au couple franco-allemand. Une nouvelle fois, l’espoir français d’une relance se confronte à l’exigence allemande d’une rigueur budgétaire.

Un repas au menu copieux

Le président français et la chancelière vont donc débattre d’un document préparatoire de sept pages qui comprend deux volets : la première partie, prônant une plus grande solidarité européenne et une relance économique, devrait réjouir François Hollande. A l’inverse, la seconde partie détaille les contours d’une future discipline budgétaire, ce que défend Angela Merkel.

Ce que souhaite François Hollande

La feuille de route débattue mercredi soir prévoit notamment une plus grande solidarité entre membres de la zone euro, avec un objectif : émettre de la dette en commun d’ici 10 ans, ce qui est une autre manière de parler des euro-obligations défendues par la France. Mais malgré cette nouvelle formulation et une application repoussée à dix ans, l’Allemagne refuse d’en entendre parler.

Ce que veut Angela Merkel

"Quand je pense au sommet, ce qui m'inquiète est qu'il y aura toutes sortes d'idées de mutualisation de la garantie (des dettes souveraines) et trop peu d'idées pour plus de contrôle" des finances publiques, avait prévenu dès lundi soir Angela Merkel. La chancelière l’a encore répété mardi : "aussi longtemps que je vivrai", l’Allemagne refusera toute mutualisation des dettes.

Cette dernière a en effet une feuille de route très différente de celle envisagée par la France : discipline budgétaire et réformes structurelles. L’UE disposerait de plus de contrôle sur les budgets si bien que les Etats ne pourraient plus s’endetter à leur guise sans un feu vert des autres partenaires. En cas de dérapages, la zone euro pourrait même exiger des changements dans les budgets nationaux, ce qui constitue une première.

Un point commun : renforcer l’intégration

France et Allemagne vont donc devoir trouver un compromis qui risque de pencher en faveur de la rigueur et pour cause : la supervision budgétaire est censée exister depuis 1992 et l’Allemagne est de toute façon en position de force. La France a, elle, l’avantage d’avoir le soutien du plus grand nombre, y compris en dehors de l’UE, mais voit ses voisins lancer des réformes similaires à celles initiées par l’Allemagne au début des années 2000, le plan "Hartz IV" (réforme des indemnisations chômage et retraite).

Seule certitude, les solutions proposées par la France et l’Allemagne vont toutes les deux dans la direction d’une plus grande intégration européenne, par la finance à défaut de la faire par la politique. Comme souvent, c’est par les crises que la construction européenne progresse.