Méga-contrat avec l'Australie : quel impact pour la France ?

Jean-Yves Le Drian et le Premier ministre australien Malcolm Turnbull.
Jean-Yves Le Drian et le Premier ministre australien Malcolm Turnbull. © BRENTON EDWARDS / AFP
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Justin Morin, édité par R.D. , modifié à
La commande de 12 sous-marins passée à la France par l'Australie va notamment permettre au chantier naval de Cherbourg de pallier un creux de production sur la période 2017-2020.
L'ENQUÊTE DU 8H

Le ministère de la Défense parle du contrat du siècle : 12 sous-marins vendus à l'Australie pour un investissement de 34 milliards d'euros pour les 50 années à venir. L'accord a été officialisé en avril dernier, mais Jean-Yves le Drian, le ministre français de la Défense, et le Premier ministre australien se sont retrouvé mardi à Camberra pour signer l'accord intergouvernemental. Le constructeur français DCNS basé à Cherbourg, et détenu à 62% par l'Etat français, a été choisi pour réaliser la commande. Une très bonne nouvelle pour l'industrie française, mais ce "contrat du siècle" ne signifie pas pour autant qu'un chèque de 34 milliards va être versé directement aux entreprises françaises.

Conçu en France et construit en Australie. C’est le chantier naval de Cherbourg qui va le plus profiter de cette commande. Les bureaux d'étude vont fonctionner à plein régime, les ingénieurs du site normand vont dessiner ce nouveau modèle de sous-marin, le concevoir. Mais c'est bien en Australie qu'il sera construit grâce à un transfert de technologie, une condition non négociable lors de l'appel d'offres du gouvernement australien. Au final, sur les 34 milliards d'euros d'investissements, seule une dizaine devrait revenir à l'industrie française.

4.000 postes maintenus. Pour le chantier naval de Cherbourg, cette commande vient combler un creux de production qui était attendu entre 2017 et 2020. Elle ne s'accompagnera pas de création d'emplois, mais la direction pourra assurer le maintien de près de 4.000 postes. Le syndicat CGT aurait préféré que l'ensemble de la construction se passe en France, mais la CFDT, syndicat majoritaire de l'entreprise et Olivier Ménard, de la CFE-CGC, en appellent au pragmatisme. "Tout le monde serait encore plus satisfait si tout se faisait en France mais là, il faut arrêter de croire au père Noël. C’est un petit peu à coté de la réalité géopolitique. On comprend bien l’intérêt des pays à faire chez eux. Ce qu'il faut, c'est les accompagner, et garder un coup d'avance", explique ce dernier.

En 2017, les échanges vont s'accélérer. Une nouvelle délégation composée d'une cinquantaine d'ingénieurs et de techniciens australiens devraient débarquer à Cherbourg dès le début de l'année.