Mausolées de Tombouctou : le djihadiste malien tenu pour responsable des réparations pour 2,7 millions d'euros

La cour pénale internationale doit se prononcer sur une ordonnance de réparations
La cour pénale internationale doit se prononcer sur une ordonnance de réparations © Patrick post / ANP / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Après avoir condamné le responsable des destructions des mausolées de Tombouctou, la Cour pénale internationale doit se prononcer sur la nature des réparations à verser aux victimes.

La Cour pénale internationale (CPI) a déclaré jeudi que le djihadiste malien Ahmad al Faqi al Mahdi avait provoqué pour 2,7 millions d'euros de dégâts en faisant détruire les mausolées de Tombouctou, dans le Nord du Mali, en 2012, et ordonné le versement de dédommagements aux victimes.

2,7 millions de réparations. "La chambre ordonne des réparations individuelles, collectives et symboliques pour la communauté de Tombouctou, reconnaît que la destruction des bâtiments protégés a causé de la souffrance aux personnes à travers le Mali et la communauté internationale et estime al Faqi al Mahdi responsable pour les réparations à 2,7 millions d'euros", a déclaré le juge Raul Cano Pangalangan dans la lecture de son ordonnance.

Déjà condamné à neuf ans de prison pour les destructions. Le Touareg Ahmad al Faqi al Mahdi a été condamné en septembre à neuf ans de prison pour avoir "dirigé intentionnellement des attaques" en 2012 contre la porte de la mosquée Sidi Yahia et contre neuf des mausolées de Tombouctou, dans le Nord du Mali.

En tant que chef de la Hisbah, la brigade islamique des moeurs d'Ansar Dine, l'un des groupes djihadistes liés à Al-Qaïda qui ont contrôlé le Nord du Mali pendant environ dix mois en 2012, avant d'être en grande partie chassés par une intervention internationale, il avait ordonné et participé aux attaques contre les mausolées de cette ville fondée à partir du Vème siècle par des tribus touareg et devenue un grand centre intellectuel de l'islam.

Des réparations qui peuvent être symboliques. Selon le Statut de Rome, traité fondateur de la CPI, les réparations peuvent, outre la compensation monétaire, prendre différentes formes, comme "une restitution de biens, des mesures de réhabilitation, ou des mesures symboliques telles que des excuses et des commémorations".

Lors de sa première ordonnance de réparations rendue fin mars, la CPI avait attribué 250 dollars "symboliques" à chacune des 297 victimes d'un ancien chef de milice congolais, Germain Katanga, condamné en 2014 à douze années de détention. Le total des préjudices physiques, matériels et psychologiques a été estimé à 3,75 millions d'euros.

Une ordonnance difficile à mettre en application. Le Fonds au profit des Victimes a ensuite déposé fin juillet, quatre mois plus tard, un projet de plan de mise en oeuvre de ces réparations, avec des propositions d'activités, que la Cour doit maintenant examiner de même que les observations des représentants légaux des victimes et de la défense attendues début septembre. 

Mais dans le cadre de la destruction des mausolées de Tombouctou, appliquer l'ordonnance de réparations ne sera pas une mince affaire et pourrait prendre un temps considérable en raison de la situation sécuritaire au Nord du Mali, selon le Fonds, qui a déjà demandé aux juges de disposer "d'au moins six mois" pour produire un plan d'exécution provisoire.