Maroc : "dissuader le tourisme"

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avec Martin Feneau , modifié à
L’attentant qui a frappé Marrakech, le premier depuis 2003, vise "à déstabiliser le Maroc".

Au-delà des victimes, dont plusieurs sont de nationalité française, l’attentat qui a eu lieu jeudi au cœur de la ville touristique de Marrakech a une forte portée symbolique. "Il est clair que cet attentat, dans ce lieu et dans ce café particulièrement, vise à effrayer", décrypte pour Europe 1 Benjamin Stora, spécialiste du Maghreb.

Et cet historien et politologue d’ajouter : "particulièrement dans un café qui est très célèbre, très connu sur cette place Jamaâ el-Fna, puisqu’il surplombe cette place. C’est un café où se rendent beaucoup de touristes pour prendre un thé en regardant l’ensemble de la place".

Avec ses dresseurs de singes, ses marchands de jus de fruits et ses conteurs de rues, la place Jamaâ el Fna est le coeur de Marrakech, où des milliers de touristes s'y croisent chaque jour. Cet vaste espace a été protégé contre les programmes d'urbanisation et la spéculation immobilière qui ont changé la physionomie de cette ville, depuis qu'elle est devenue une des destinations les plus prisées des visiteurs étrangers.

"Frapper les imaginaires au cœur même du Maroc touristique"

"C’est donc un message qui vise à dissuader le tourisme, à déstabiliser le Maroc, les communautés étrangères qui sont présentes au Maroc et particulièrement à Marrakech. Il vise notamment la communauté française qui est très nombreuses au Maroc", poursuit Benjamin Stora.

Cet attentat est d’autant plus symbolique que le Maroc n’en pas pas subi depuis plusieurs années. "La pratique du terrorisme urbain au Maroc est quand même peu répandue. Le dernier attentat le plus tragique a eu lieu en 2003 à Casablanca", rappelle Benjamin Stora, avant de conclure : "c’est un attentant qui vise, à mon avis, à frapper les imaginaires au cœur même du Maroc touristique".