Marée noire : un couvercle géant

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avec agences , modifié à
L'installation d'un dôme de 70 tonnes pourrait être une avancée spectaculaire.

Alors que Barack Obama s'est rendu dans le golfe du Mexique pour constater les dégâts, les équipes tentent toujours de trouver un moyen de stopper la fuite. Un "couvercle" géant construit par les ingénieurs de British Petroleum pourrait être déployé "dans six à huit jours" au fond du Golfe du Mexique afin de contenir le pétrole qui fuit après la destruction d'une plateforme, a déclaré le PDG de BP, Lamar McKay. Cette estimation est beaucoup plus optimiste que le délai de deux à quatre semaines annoncé par BP jusqu'à ces derniers jours.

L'installation de ce dôme géant de 70 tonnes pourrait représenter une avancée spectaculaire dans la lutte contre la marée noire provoquée par l'explosion puis le naufrage de cette plateforme au large des côtes de Louisiane (sud des Etats-Unis). "Le dôme de confinement a été fabriqué, il est en phase finale d'ingénierie pour être mobilisé et déployé, probablement d'ici six à huit jours", a dit Lamar McKay sur la chaîne américaine ABC. Ce couvercle permettrait d'emprisonner le pétrole, qui serait ensuite pompé. Il est considéré par BP comme la meilleure solution de court terme pour tenter de limiter la marée noire, si les robots sous-marins déployés pour tenter de fermer la valve du puits échouent dans cette tâche.

Trois fois plus vaste que prévue

Mais la nappe grandit à vue d'oeil. Provoquée par la fuite d'une plateforme dans le golfe du Mexique, la nappe est au moins trois fois plus vaste que ce qu'on croyait initialement, selon un chercheur de l'université de Miami qui s'appuie sur des images par satellite. Ces images ont été réalisées par un centre spécialisé dépendant de l'université de Miami, a indiqué Hans Graber, un chercheur travaillant pour cet établissement.

"D'après les dernières images satellitaires que nous avons reçues, la taille de la nappe est plus de trois fois supérieure" aux estimations précédentes, a déclaré ce spécialiste, qui dirige le Center for Southeastern Tropical Remote Sensing (CSTARS) de l'université de Miami. Le 26 avril, la nappe recouvrait environ 2.600 km2, et le 29 avril elle avait atteint la taille de 9.000 km2, a-t-il dit, indiquant qu'il attendait de nouvelles images d'ici dimanche. La nappe "grandit tout le temps, donc il est probable qu'elle soit déjà plus grande que ce que nous avons calculé", a-t-il dit.

Un gigantesque dispositif

Des moyens exceptionnels ont été déployés pour tenter de l'endiguer. Un amiral des garde-côtes, Thad Allen, a été nommé samedi par Barack Obama à la tête des opérations d'urgence. Il fait partie des rares personnalités publiques félicitées pour leur action après l'ouragan Katrina. Plus de 84 kilomètres de barrages flottants ont été déployés pour tenter de contenir la nappe de pétrole, et plus de 3,8 millions de litres de pétrole mélangé à de l'eau ont déjà été retirés.

Mais la nappe de pétrole continue à s'approcher des côtes :

>> Les images de la marée vue du ciel par la Nasa, ici

Poussées par de forts vents de sud-est, les premières plaques de pétrole ont touché dès jeudi soir des marais proches de l'embouchure du Mississippi. La catastrophe pourrait bientôt dépasser celle de l'Exxon Valdez, la pire de l'histoire américaine, en 1989 au large de l'Alaska.

Etat d'urgence et plaintes

Les Etats d'Alabama et du Mississippi ont à leur tour décrété l'état d'urgence après la Louisiane et la Floride, où la nappe de pétrole est attendue lundi.

Par ailleurs, au moins huit plaintes ont été déposées devant des tribunaux des régions menacées, essentiellement par des professionnels de la mer qui accusent BP de "négligence". BP "assume toute la responsabilité de la marée noire et la nettoiera", a indiqué vendredi une porte-parole, précisant que le groupe britannique paierait des dommages et intérêts.

"Pour les oiseaux, c'est le pire moment : c'est la période de reproduction et de nidification", a observé pour sa part Melanie Driscoll, de l'association écologiste Audubon Society. Les marais côtiers de Louisiane constituent un sanctuaire pour la faune. Un premier oiseau touché, un fou de Bassan, a été recueilli samedi et démazouté par une association embauchée par BP.