Mali : les islamistes pour une "solution politique"

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Charles Carrasco, avec Xavier Yvon et Didier François, envoyés spéciaux au Mali , modifié à
L'ESSENTIEL - Les soldats contrôlent l'aéroport de Kidal mais sont bloqués par une tempête de sable.

# L'ESSENTIEL

- Des "éléments" de la force française sont arrivés à Kidal.
- Laurent Fabius a affirmé que les forces françaises quitteraient "rapidement" le Mali.
- Les islamistes qui tiennent encore la ville de Kidal appellent à une solution politique.

# SUR LE TERRAIN

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© Reuters

L'INFO. C'est la 3e grande "prise" dans le nord du pays. L'armée française a pris position mercredi matin à l'aéroport de Kidal, après avoir repris en 48 heures aux islamistes, avec l'armée malienne, Gao et Tombouctou. Mais pour le moment, les forces françaises sont bloquées à l'aéroport "par une tempête de sable" a fait savoir le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

L'amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des armées françaises, est apparu, de son côté, satisfait de l’avancée de l’armée française aux côtés des soldats maliens. "Gao, Tombouctou, Kidal, dans cet ordre, en cinq jours ; c’est un très beau succès pour les armées françaises, pour leur savoir-faire", a-t-il estimé, mercredi, sur Europe 1. "C’est aussi un beau succès pour les Maliens, il ne faut pas l’oublier" , a-t-il ajouté.  "Les premiers à être rentrés dans la ville de Gao, ce sont les Maliens ; dans la ville de Tombouctou, ce sont les maliens, même si nous avions pris l’aéroport à chaque fois et apporté nos appuis", a poursuivi le chef des états majors.

"La situation à Kidal n’est pas encore d’une grande clarté", a-t-il tenu à souligner. "Il y a deux groupes armés qui revendiquent l’occupation de Kidal et qui manifestement ne contrôlent pas l’ensemble de la ville", a-t-il conclu.

Des rebelles éparpillés. Kidal, et sa région, était le fief d'Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), dirigé par Iyad Ag Ghaly - ex-rebelle touareg - un groupe islamiste armé, allié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Un groupe dissident d'Ansar Dine, le Mouvement islamique de l'Azawad (MIA), a récemment affirmé tenir Kidal avec les rebelles touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA). Le MIA a assuré rejeter le terrorisme et prôner une "solution pacifique" à la crise.

Une solution politique. Ces islamistes dissidents qui contrôlent en partie Kidal, dans l'extrême nord-est malien, ont demandé mercredi dans un communiqué que les soldats maliens et ouest-africains ne pénètrent pas dans la ville et sa région, avant qu'une "solution politique" ne soit trouvée avec Bamako.

>>> A lire : Mali : quelle stratégie pour les islamistes ?

A Gao, la population meurtrie. La ville est désormais sous le contrôle des forces françaises et maliennes. Mais les habitants restent très marqués par le passage des islamistes. Pour avoir fumé dans la rue, Ousmane a été traîné sur la grande place. "C'est là-bas qu'on m'a frappé. On le fait en public. Il y a tout le monde qui passe. Pour un musulman, être tapé en public, c'est la honte", raconte cet habitant, interrogé par Europe 1. A Gao, la place de l'Indépendance était ainsi devenue la "place de la charia".

Alassane a vu son frère se faire battre. Pire, il a assisté aux amputations. "J'ai vu huit personnes à qui ils ont coupé la main. Ce sont des bandes armées qui sont venues nous trouver ici", raconte cet habitant. Il a donc vécu l'arrivée des armées française et malienne comme un soulagement. "On veut que vous continuiez jusque dans le Sahara, jusqu'aux frontières de l'Algérie. Il faut même casser les cailloux où ils sont. Il faut les rechercher, les battre, les tuer. Il ne faut pas les laisser. Il ne faut pas négocier aux eux", a-t-il exhorté.

# A PARIS

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© Reuters

Ouvrir le dialogue. Face au "risque d'exactions" et de représailles, le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a souhaité "le déploiement rapide d'observateurs internationaux" pour veiller "au respect des droits de l'homme". De plus, la France a appelé Bamako à enclencher un dialogue avec les représentants des populations du nord du Mali.

De son côté, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius a affirmé au journal Le Parisien que les forces françaises quitteraient "rapidement" le Mali. "Libérer Gao et Tombouctou très rapidement faisait partie du plan", a précisé le ministre. "Maintenant, c'est aux pays africains de prendre le relais. Nous avons décidé de mettre les moyens en hommes et en matériel pour réussir cette mission et frapper fort. Mais le dispositif français n'a pas vocation à être maintenu", a assuré Laurent Fabius.

# LES TRACTATIONS

Une feuille de route. A Bamako, se projetant dans l'après-guerre, les députés ont voté mardi à l'unanimité la mise en place d'une "feuille de route" politique, qui prévoit une discussion avec certains groupes armés dans le cadre de la "réconciliation nationale". La "feuille de route" ne fixe aucune date pour la tenue d'élections, mais le président malien par intérim Dioncounda Traoré a déclaré à Addis Abeba qu'il espérait qu'elles pourraient avoir lieu avant le 31 juillet.

453 millions de dollars. A Addis Abeba, Union africaine (UA), Union européenne (UE), Japon, Etats-Unis et ONU ont entériné la levée, lors de la conférence des donateurs, de 455,53 millions de dollars (338,6 millions d'euros), destinés aux besoins militaires et humanitaires du Mali.