Mali : le "coupeur de mains" de Gao condamné à 10 ans de prison

Aliou Mahamar Touré, Mali crédit : AFP - 640
Aliou Mahamar Touré risquait jusqu'à 20 ans de réclusion, il a été condamné à 10 ans grâce à des circonstances atténuantes (photo de 2012) © AFP
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avec AFP
"L'ancien commissaire islamique" de Gao, plus grande ville du Nord du Mali, était notamment accusé d'avoir coupé une main à des voleurs présumés et fouetté en public des femmes qui ne portaient pas le voile islamique. 

La justice malienne a condamné vendredi à 10 ans de prison Aliou Mahamar Touré, surnommé le "coupeur de mains" de Gao, ville du nord-Mali contrôlée par les djihadistes entre 2012 et 2013 dont il était le chef de la "police islamique".

10 ans de prison avec des circonstances atténuantes. "La Cour déclare l'accusé coupable de tous les faits qui lui sont reprochés, mais avec des circonstances atténuantes, et le condamne à une peine de 10 ans de réclusion criminelle", a déclaré le président de la Cour d'assises à l'issue d'un procès qui s'était ouvert vendredi matin dans la capitale malienne.

"Ce n'est pas moi" qui coupait les mains. Arrêté en décembre 2013 par les forces armées maliennes, Aliou Mahamar Touré, "l'ancien commissaire islamique" de Gao, plus grande ville du Nord du Mali, était notamment accusé d'avoir coupé une main à des voleurs présumés et fouetté en public des femmes qui ne portaient pas le voile islamique. 

"Ce n'est pas moi. Ce sont des djihadistes mauritaniens, algériens et sahraoui qui coupaient les mains", avait affirmé Aliou Mahamar Touré lors de l'unique audience de son procès. Il répondait aux accusations des parties civiles qui ont défilé à la barre une bonne partie de la journée. Son procès est une première dans ce pays du Sahel où des groupes armés continuent à mener des attaques meurtrières.

Il risquait jusqu'à 20 ans de prison. Au moins huit de ses victimes présumées étaient présentes. "Les quatre enfants de mon grand frère ont été arrêtés par Aliou. Il n'a pas voulu les libérer, il a coupé lui-même leurs mains et pieds. Après il s'est promené avec les mains et les pieds", a témoigné une habitante de Gao, alors que l'accusé gardait la tête baissée.

Accusé également d'avoir fouetté en public des femmes qui ne portaient pas le voile islamique, Aliou est poursuivi pour "atteinte à la sûreté de l'État, coups et blessures, détention illégale d'armes de guerre et association de malfaiteurs". Il risquait jusqu'à 20 ans de réclusion.

Un pilier du Mujao. Originaire de Gao, Aliou Mahamar Touré était un pilier du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), un des groupes djihadistes qui a occupé le Nord du Mali en 2012. Reconnaissable par sa grande taille et son véhicule pick-up qu'il conduisait lui-même, Aliou Mahamar Touré, Malien le plus gradé dans les rangs des islamistes armés, était redouté par la population. 

 

Le Nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda à la faveur de la déroute de l'armée face à la rébellion à dominante touareg, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée. Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement.