Mali: des enfants parmi les troupes d'Aqmi

L'armée française sous le regard de deux jeunes garçons maliens à Gao.
L'armée française sous le regard de deux jeunes garçons maliens à Gao. © Max PPP
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Didier François, envoyé spécial au Mali, et Charles Carrasco , modifié à
EXCLU - L'armée française a fait cette découverte lors de ses opérations dans le sanctuaire d'Aqmi.  

L'INFO. En attendant le début, en avril, du retrait des troupes déployées au Mali, une partie de l'armée française continue de ratisser sans relâche l'Adrar des Ifoghas, le sanctuaire des djihadistes. Alors qu'une véritable base militaire et de vie a été repérée dans cette zone particulièrement accidentée, les soldats continuent, chaque jour, de faire des découvertes surprenantes.

>> Didier François, envoyé spécial d'Europe 1 au Mali, est le seul journaliste radio à se trouver dans la région, la vallée d'Ametetai, aux cotés de l'armée.

"La cartouche en chambre". Les parachutistes du capitaine Marty poursuivent les combattants d'Al-Qaïda au Maghreb islamique et progressent pas à pas. Toute la zone est passée au peigne-fin. Les soldats tombent sur des djihadistes. "Les traces de pas qui montaient là, juste derrière une petite galerie. C'est un peu creusé. Ils étaient quatre. Ça faisait deux ou trois jours qu'ils se cachaient, chargeur engagé, la cartouche en chambre", raconte le capitaine Marty au micro d'Europe 1. "Ils attendaient qu'on passe. Car dès qu'on passe, ils peuvent très bien nous tirer dans le dos et là, ils font un carnage", assure-t-il.  

Des enfants "entraînés". A la vue de l'armée, l'un des djihadistes lève son arme en direction de la patrouille. Il est immédiatement abattu. Les trois autres se rendent mais à la grande surprise du colonel Desmeulles, deux des prisonniers sont des enfants d'une quinzaine d'années.

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© Capture vidéo - ECPAD

"Ce sont deux enfants soldats. Il semblerait que les djihadistes avaient recruté, qu'on pourrait traduire par 'enlevé', un nombre important d'enfants qu'ils ont armés, entraînés pour les utiliser. Ça confirmerait qu'Aqmi ait un dispositif pas aussi vertueux que l'on imaginait", affirme le colonel Desmeulles.  Les enfants soldats ont été immédiatement examinés par un médecin et évacués vers le quartier général. Ils seront remis à la Croix-Rouge international.

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© Capture vidéo - ECPAD

L'enfant enlève sa djellaba. Comme a pu le constater l'envoyé spécial d'Europe 1 au Mali, "ces enfants sont endoctrinés assez lourdement. Ils ont été entraînés pour tenir des armes qui sont parfois aussi grandes qu'eux". Mais également, ils sont utilisés pour faire du renseignement pour les combattants d'Al-Qaïda au Maghreb islamique.

"La brigade a été surprise, la première nuit, de voir un enfant seul au milieu de la vallée, venir vers eux. Dès qu'ils ont fait un tir de semonce en l'air et qu'ils lui ont donné un ordre d'arrêt, l'enfant a immédiatement levé les mains, a soulevé sa djellaba pour montrer qu'il n'avait pas de ceinture d'explosif. Presque comme s'il avait été préparé, entraîné, comme si on lui avait dit les procédures employées par l'armée française. Cet enfant était donc bien là pour faire du renseignement", raconte Didier François, grand reporter d'Europe 1.

Les enfants-soldats seraient nombreux dans la région. "Les troupes françaises ont fait venir un haut-parleur en arabe, en tamachek (la langue touareg) et en Français. Elles les appellent à se rendre", ajoute Didier François.