Mais où en est la Belgique ?

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207 jours après les élections législatives, le pays n’est toujours pas prêt à sortir de la crise politique.

 

La Belgique n’est toujours pas parvenue à trouver de compromis pour la reprise des discussions entre néerlandophones et francophones. Le dernier essai de conciliation a échoué mercredi, le médiateur, Johan Vande Lanotte, nommé par le roi, a tenté de faire avancer les discussions en présentant aux sept partis un document de synthèse, en vain. Il a demandé, jeudi soir au roi, d’être déchargé de sa mission deux mois et demi après avoir été nommé. Albert II dira lundi s’il accepte sa démission.

 

Une décision qui fait suite au refus, mercredi, de deux partis belges - la Nouvelle Alliance flamande (N-VA) et les chrétiens-démocrates flamands du CDV - du plan proposé par le conciliateur destiné à la reprise des négociations. La Belgique ne semble donc pas encore prête à avancer et demeure depuis le 13 juin dernier, date des élections législatives, sans gouvernement. Les affaires courantes sont gérées par un cabinet sous la houlette du Premier ministre CDV Yves Leterme.

 

Vers un dialogue de sourds ?

 

La note proposée aux sept partis par Johan Vande Lanotte incluait un règlement du problème des francophones de la province du Brabant flamand, sur lequel tous les gouvernements se sont cassés les dents depuis 30 ans, et des transferts massifs de compétences, y compris en matière de fiscalité directe, du pouvoir fédéral aux régions (Flandre, Wallonie et Bruxelles). Mais les termes étaient insuffisants pour les deux partis qui se sont dissociés du projet.

 

D’un côté, les Flamands souhaitent voir se mettre en place une grande réforme de l’Etat avant qu’un gouvernement ne soit constitué. De l’autre, les francophones estiment que la priorité est à la formation d’un gouvernement pour pouvoir ensuite négocier entre les différentes parties d’une réforme des institutions. "La NVA et le CDV n’ont pas fermé la porte", souligne Vincent de Coorebyter, directeur général du Centre de recherche et d’information socio-politiques (Crisp). "Mais ils ont, à propos des termes de négociations, des exigences incontournables", souligne-t-il., ajoutant que "si chacun campe sur ses positions cela mènera à un dialogue de sourds".

 

Des exigences que les francophones ne sont pas prêts à satisfaire, selon Pascal Delwit, politologue et professeur de sciences-politiques à l’université libre de Bruxelles. "On voit qu’aujourd’hui une alliance entre les sept n’est pas possible", juge le politologue. "Pour trouver un terrain d’entente il faudrait que les partis flamands montrent leur volonté de faire un effort car les francophones ont l’impression d’avoir déjà fait beaucoup de concessions", analyse-t-il, se disant dubitatif sur les possibilités de "retisser le lien entre les partis".

 

L’éclatement de la Belgique n’est pas d’actualité

 

Bien que la Belgique soit encore loin de voir le bout de cette longue crise politique, "le pays n’est pas menacé d’éclatement", tient à souligner Vincent de Coorebyter. "Le scénario de l’éclatement n’est défendu par personne", explique le DG du Crisp. "La NVA pense que la disparition de la Belgique est une évolution naturelle du pays dans les prochaines décennies, dans le cadre d’une Union Européenne davantage organisée autour des régions, mais nous n’en sommes pas là".

 

L’heure est en effet à trouver une voie de négociations entre les différentes formations politiques. Si Johan Vande Lanotte échoue, alors la Belgique pourrait se diriger vers un nouveau scrutin. Une solution que les différents partis ne soutiennent pas.