Maduro, le fidèle chauffeur de Chavez

Nicolas Maduro, ce modéré conciliant, est le sucesseur désigné d'Hugo Chavez.
Nicolas Maduro, ce modéré conciliant, est le sucesseur désigné d'Hugo Chavez. © Reuters
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Charles Carrasco , modifié à
PORTRAIT - Cet ex-syndicaliste fait partie de la garde rapprochée du président vénézuélien.

Lors de son dernier séjour médical à Cuba, il est apparu, à la télévision, sur la passerelle de l'avion au côté d'Hugo Chavez. Ce fidèle parmi les fidèles n'est autre que Nicolas Maduro, l'actuel vice-président du Venezuela et le successeur désigné de l'icône de la gauche sud-américaine. Alors que les rumeurs sur l'état de sa santé bruissent de toutes parts, le "dauphin" monte sur le devant de la scène politique. 

"Comme ils se sont moqués de lui !"

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Nicolas Maduro et Hugo Chavez, ce sont deux destins politiques intimement liés. Un signe qui ne trompe pas : le "numéro deux" a obtenu son premier mandat de député en 1999, sous la bannière du "Mouvement 5e République", fondé par Hugo Chavez, la même année où l'actuel président vénézuélien est arrivé au sommet du pouvoir.

L'ascension de cet ancien chauffeur de bus à la haute stature a été accélérée aux côtés du "Presidente".

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Il faut dire que Nicolas Maduro a été présent dans tous les bons coups, comme dans les moments difficiles. Ils s'étaient déjà croisés au sein du "Mouvement révolutionnaire bolivarien 200" (MBR-200), également créé par Hugo Chavez, à la tête duquel il avait mené son coup d'Etat manqué contre le président Carlos Andrés Pérez en 2002. "Regardez où va Nicolas, le chauffeur de bus Nicolas. Il était chauffeur de bus, et comme ils se sont moqués de lui !", s'était exclamé Hugo Chavez en le nommant vice-président.

Un visiteur assidu au chevet du président 

Au moment où les pronostics sur le nom du successeur du président malade se sont multipliés, il est apparu comme l'homme providentiel au sein de l'appareil chaviste. Dès les premiers allers-retours à Cuba du descendant spirituel de Bolivar, le libérateur de l'Amérique du sud, il est l'un des visiteurs les plus assidus au chevet du président. Quitte à manquer le premier sommet des chefs d'Etat du Mercosur à Brasilia depuis l'adhésion du Venezuela au marché économique sud-américain.

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La haute silhouette et l'épaisse moustache de ce membre de l'aile modéré du chavisme est devenue presque familière dans les rendez-vous internationaux tant le leader vénézuélien, très affaibli, a souvent dû céder sa place.

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Le choix de Cuba

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Le vice-président a néanmoins une différence avec son mentor : il est moins bruyant verbalement que le président. Cet ex-syndicaliste est davantage reconnu pour son ton conciliant, sa grande capacité à négocier et à exercer une influence sur les différentes tendances du chavisme qui se font de plus en plus entendre dans cette période de "vide politique".

"Il semble être quelqu'un (...) disposé au dialogue", estime le politologue Ricardo Sucre. "De plus, c'est le choix des (dirigeants cubains Fidel et Raul) Castro", grands alliés du président Chavez, ajoute ce professeur à l'université centrale du Venezuela.

"Un révolutionnaire à part entière"

Celui qui incarne la fidélité aux préceptes de la révolution bolivarienne est aujourd'hui la voix la plus écoutée du Venezuela. Il est le porte-parole international du gouvernement et sa rhétorique anti-impérialiste et son soutien aux régimes syriens et iraniens ne lui valent que des louanges d'Hugo Chavez. "Un révolutionnaire à part entière", dixit le président.

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Aujourd'hui, il est en quelque sorte la voix de Chavez depuis Cuba. Presque quotidiennement, ses déclarations sont retransmises en direct sur Télé Sur, la chaîne financée en partie par le régime vénézuélien. Encore mercredi, il joue le rôle du médecin pour faire taire les rumeurs grandissantes : Chavez est "conscient de la complexité de son état de santé post-opératoire" et il a "expressément demandé de tenir les gens au courant". Nicolas Maduro, en fin politicien, le sait : il a sa carte à jouer dans le Venezuela post-Chavez.