Macron ne veut "pas donner de leçons" sur les droits de l'Homme à Sissi

Emmanuel Macron a déclaré mardi qu'il ne voulait "pas donner de leçons" sur les droits de l'Homme au président égyptien qu'il a reçu à l'Élysée.
Emmanuel Macron a déclaré mardi qu'il ne voulait "pas donner de leçons" sur les droits de l'Homme au président égyptien qu'il a reçu à l'Élysée. © AFP
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avec AFP , modifié à
La visite du président égyptien en France mardi a suscité de vives réactions des organisations de défense des droits de l'homme. 

Emmanuel Macron a déclaré mardi qu'il ne voulait "pas donner de leçons" sur les droits de l'Homme au président égyptien Abdel Fattah Sissi, pointé du doigt par des ONG pour son bilan "catastrophique" en la matière.

"De la même façon que je n'accepte qu'aucun autre dirigeant ne me donne des leçons sur la manière de gouverner mon pays (...), je crois à la souveraineté des États", a déclaré le chef de l'État français, en appelant à "ne pas donner des leçons hors de tout contexte". "Je suis conscient du contexte sécuritaire. Le président Sissi a un défi, la stabilité de son pays, la lutte contre les mouvements terroristes, contre un fondamentalisme religieux violent. C'est le contexte dans lequel il doit gouverner, nous ne pouvons en faire abstraction", a déclaré le président français, qui rencontrait pour la première fois son homologue égyptien depuis son élection.

Coopération Paris-le Caire contre le terrorisme. S'il a souligné que le combat contre le terrorisme devait "impérativement être mené dans le respect de l'État de droit et des droits de l'Homme", le président français a surtout insisté sur "la coopération très étroite" liant la France et l'Égypte, et le partenariat entre les deux pays. "La France se tient aux côtés de l'Égypte car la sécurité de ce pays ami, c'est aussi notre propre sécurité", a-t-il insisté, résumant la stratégie de Paris qui considère l'Égypte comme le principal rempart contre le terrorisme au Moyen-Orient.

Sissi assure que la police égyptienne ne "pratique pas la torture". Selon son entourage, le président français a évoqué pendant sa rencontre avec Abdel Fattah Sissi une quinzaine de cas individuels de militants et journalistes égyptiens opprimés. "Le peuple égyptien refuse toute pratique violente ou la dictature et le non-respect des droits de l'homme, mais je suis responsable de 100 millions de personnes dans une région que l'extrémisme a failli transformer en un endroit pour exporter le terrorisme dans le monde entier", a déclaré pour sa part le président Sissi. "Nous sommes contre la violence et avec les droits de l'Homme", a-t-il ajouté, réitérant que ses forces de sécurité "ne pratiquaient pas la torture".

Frégate, Rafales et six milliards d'euros de contrats d'armement. Paris et Le Caire entretiennent d'excellentes relations sécuritaires et commerciales. Depuis 2015, l'Égypte a conclu des contrats d'armement avec la France pour plus de six milliards d'euros, comprenant notamment 24 avions de combat Rafale, une frégate, deux porte-hélicoptères Mistral et des missiles.

Face au sort des homosexuels en Égypte, Macron "ne peut pas rester silencieux"

L'association Inter-LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et trans) a appelé Emmanuel Macron à "ne pas rester silencieux" sur la "campagne d'arrestations massives" et les "viols et tortures" visant les LGBT en Egypte "Plus de 60 homo/trans, ou supposé(e)s, ont été arrêté(e)s et plus de 20 ont été condamné(e)s à des peines de 6 mois à 6 ans de prison. C'est la plus lourde purge anti-LGBT de l'histoire moderne égyptienne", explique l'association de défense des minorités LGBT dans un communiqué. "Les témoignages qui nous parviennent dénoncent la torture, les viols et les tests anaux dont sont victimes ces personnes en garde à vue", souligne-t-elle. Selon elle, "bien que l'homosexualité soit légale en Égypte, 550 arrestations (de personnes LGBT) ont été recensées depuis l'arrivée du général Sissi au pouvoir" il y a quatre ans. Le président Macron ne "peut plus rester silencieux", estime pour finir l'association.