L'Irak convoque l'ambassadeur d'Arabie saoudite pour "ingérence"

L'ambassadeur saoudien Thamer al-Sabhan et le ministre des Affaires étrangères irakien, Ibrahim al-Jaafari Arabie soudite Irak
L'ambassadeur saoudien Thamer al-Sabhan et le ministre des Affaires étrangères irakien, Ibrahim al-Jaafari. © AFP PHOTO / HO / IRAQI FOREIGN MINISTER
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G.S. avec AFP
Le Saoudien Thamer Al-Sabhan avait critiqué une importante force paramilitaire chiite irakienne engagée contre le groupe Etat islamique (EI).

Le ministère irakien des Affaires étrangères a convoqué dimanche l'ambassadeur d'Arabie saoudite à Bagdad pour protester contre l'"ingérence" de ce dernier dans les affaires intérieures du pays. Thamer Al-Sabhan avait tenu des propos critiquant une importante force paramilitaire chiite engagée contre le groupe Etat islamique (EI).

Des chiites irakiens aux côté des Kurdes. Le ministère des Affaires étrangères a convoqué Thamer Al-Sabhan, premier ambassadeur saoudien en Irak depuis un quart de siècle, "afin de lui notifier une protestation officielle pour des déclarations dans les médias qui représentent une ingérence dans les affaires intérieures de l'Irak", a-t-il annoncé dans un communiqué. Dans un entretien à la chaîne satellitaire irakienne Al-Sumaria, Thamer Al-Sabhan a déclaré que les forces paramilitaires des Hached al-Chaabi (Unités de mobilisation populaire), majoritairement composées de milices chiites soutenues par Téhéran, n'étaient pas les bienvenues dans les régions arabes sunnites et kurdes car "elles ne sont pas acceptées par les enfants de la société irakienne".

Cette coalition progouvernementale joue un rôle majeur dans la lutte contre les jihadistes sunnites de l'EI, qui a pris le contrôle de larges pans de territoire en Irak, mais ses milices ont aussi été à l'origine d'exactions telles que des exécutions sommaires, des enlèvements et des destructions de biens.

"Une ingérence flagrante". Un peu plus tôt dimanche, des parlementaires chiites irakiens ont exprimé leur colère contre l'ambassadeur saoudien, certains réclamant son expulsion. "Les propos de l'ambassadeur saoudien témoignent d'une nette hostilité et d'une ingérence flagrante dans les affaires irakiennes", a affirmé dans un communiqué le chef de la liste parlementaire du parti chiite Dawa, au pouvoir, Khalaf Abdulsamad, considérant "ses remarques (sur) les Hached Al-Chaabi" comme "un affront de taille". Le ministère des Affaires étrangères doit "préserver la dignité de l'Etat irakien, convoquer l'ambassadeur et l'expulser d'Irak", avait-il réclamé. De son côté, le porte-parole des Hached al-Chaabi, Ahmed al-Assadi, a décrit M. Sabhan comme l'"ambassadeur d'un Etat soutenant le terrorisme", appelant les autorités irakiennes à l'expulser et "le punir pour ses déclarations".

Les sunnites soutiennent le Saoudien. L'Alliance des forces irakiennes, principal bloc sunnite au Parlement, a pour sa part considéré les propos de l'ambassadeur "très naturels" et critiqué la "campagne politique" contre lui. Thamer al-Sabhan a présenté ses lettres de créance le 14 janvier, en pleine crise diplomatique entre Téhéran et Ryad après l'exécution le 2 janvier en Arabie saoudite de Nimr al-Nimr, un dignitaire chiite saoudien très critique du régime, qui a suscité la colère parmi la communauté chiite, en particulier en Iran et en Irak.