Liesse populaire à Tripoli

Malgré les consignes, les combattants ne peuvent s’empêcher de vider en l’air leurs chargeurs.
Malgré les consignes, les combattants ne peuvent s’empêcher de vider en l’air leurs chargeurs. © MaxPPP
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avec Xavier Yvon, l'envoyé spécial d'Europe 1 en Libye , modifié à
REPORTAGE - Après 42 ans de dictature, les Libyens fêtent la disparition de Mouammar Kadhafi.

Le visage ensanglanté de Kadhafi n’en finit pas de faire le tour du monde. Le dictateur libyen a été attaqué par des frappes aériennes jeudi alors que son convoi tentait de quitter la ville de Syrte, dernier bastion tenu par ses fidèles. Et depuis l’annonce officielle de son décès, les Libyens sont en fête.

Scènes de joie à Tripoli

A Tripoli, des milliers d’entre eux sont descendus dans la rue et les scènes de liesses populaires envahissent la ville à mesure que l’on s’approche de la place centrale, ancienne vitrine du régime a pu constater Xavier Yvon, l’envoyé spécial d’Europe1. A quelques encablures de la désormais "place des martyrs", un premier chameau gît, sans tête au milieu de la rue. Redouane, un habitant, explique que tout le quartier s’est cotisé pour préparer un repas de fête. "On vient de dépecer le deuxième chameau de ce soir pour fêter la mort de Kadhafi. C’est incroyable pour les gens qui ont souffert", explique-t-il. "On l’a tué comme Kadhafi", lance un vieil homme, ajoutant, rieur : "ça on peut le manger, mais Kadhafi pas". 

Plus loin, un père joue au babyfoot avec ses enfants à côté de voitures qui font crisser leurs pneus. Ça sent la gomme chauffée et les sucreries. Malgré les consignes, les combattants ne peuvent s’empêcher de vider en l’air leurs chargeurs. Ils en profitent, pour la guerre ou pour les tirs de joie, les armes devraient bientôt se taire en Libye.

Une liberté perdue il y a 42 ans

Avec la disparition de Mouammar Kadhafi,  découvrent enfin la liberté, après 42 ans d’un régime dictatorial. Muselés, contrôlés, privés de droits pendant des dizaines d’années, peu de Libyens ont connu autre chose que le visage de Kadhafi à la tête de l’Etat. Seuls les plus âgés, de moins en moins nombreux, se rappellent du roi Idriss et de la monarchie renversée le 1er septembre 1969.    

Toutes oppositions étant réprimées, les Libyens vivaient dans la peur, dans la crainte de la prison et celle de la mort. "C’est la première fois que la mort signifie le début d’une nouvelle vie et pas la fin d’une vie", confie, émue, Naïma, une jeune libyenne de Tripoli en route vers la place des martyrs drapée dans la bannière noire, rouge et verte de la nouvelle Libye.    

Le peuple libyen espère aujourd’hui pouvoir quitter la misère qu’il connaît pour profiter de la richesse du pays pillé par Kadhafi et sa famille. Car la Libye n’est pas pauvre. Elle possède la plus importante réserve d’hydrocarbure d’Afrique et les neuvièmes au niveau mondial.