Libye : un trafic d’armes florissant

L'attentat contre l'ambassade de France fait deux blessés.
L'attentat contre l'ambassade de France fait deux blessés. © REUTERS
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A-J. C. et Walid Berrissoul, envoyé spécial d'Europe 1 à Tripoli , modifié à
REPORTAGE E1 - A Tripoli, un marché noir très bien structuré inonde tout le pays.

L’info. Dix-huit mois après la fin du conflit, l’instabilité prévaut toujours en Libye. L’attentat contre l’ambassade de France à Tripoli, qui a fait deux blessés, illustre la fragilité de la situation dans ce pays où les trafics d’armes sont toujours légion. Dans un rapport rendu en février, l’ONU s’alarmait de l’existence de "convois clandestins destinés au trafic vers plus d’une douzaine de pays portant sur des armes aussi bien lourdes que légères".

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>> L’envoyé spécial d’Europe 1 en Libye s’est penché sur ce marché noir que les autorités ne parviennent pas à juguler.

A Tripoli, on peut trouver au moins sept ou huit types de kalachnikovs. Chokrit tient la sienne dans une main, achetée d’occasion après la chute de Kadhafi. Si un jour il veut la revendre, il pourra compter sur un marché noir extrêmement bien structuré qui inonde toute la Libye.

"Tu passes commande, tu prends rendez-vous dans un café, tu as l’argent, lui, il a l’arme. Vous faites l’échange et puis c’est tout. Ça passe de main en main, comme une collecte", décrit-il au micro d’Europe 1. "Après, ils savent comment sortir les armes de Tripoli. Aujourd’hui [jeudi], c’est le jour parfait, pas de policier dans les rues. On peut remplir tranquillement les voitures et ensuite filer vers le Sud", raconte Chokrit.

"Une frontière de passe pour les armes". C’est là, selon lui, que se trouve le "marché". Les autorités libyennes sont aujourd’hui encore incapables de maîtriser ces 3.000 kilomètres de frontière en plein Sahara. "C’est devenu une frontière de passe pour les armes, pour la drogue. Tout passe par là-bas", admet un diplomate libyen.

La France envisage, elle, de former directement des garde-frontières libyens. Une idée qui revient avec insistance depuis l’attentat contre l’ambassade.