Libye : les milices armées déstabilisent un peu plus le pouvoir

Un milicien armé garde l'entrée d'un camp à Benghazi, en Libye, le 16 mai 2014.
Un milicien armé garde l'entrée d'un camp à Benghazi, en Libye, le 16 mai 2014. © Reuters
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avec agences , modifié à
Après des attaques meurtrières à Benghazi la semaine dernière, un groupe armé a annoncé la dissolution du Parlement.

L’INFO. La Libye est-elle en train de glisser vers la guerre civile ? Un groupe armé a attaqué dimanche le parlement libyen à Tripoli, réclamant sa suspension. Au même moment, à l’est du pays,  le chef d'une force paramilitaire se dit engagé dans une offensive contre les groupes islamistes à Benghazi.

Les milices font la loi. Ces troubles ne sont pas les premiers. Depuis la chute du dictateur Kadhafi, en octobre 2011, la Libye est en proie à l'anarchie. Les autorités de transition se montrent incapables de contrôler les innombrables milices armées qui font la loi dans le pays. Réunissant d'anciens rebelles et dominées par les islamistes, elles comblent le vide sécuritaire laissé par un Etat qui peine à reconstruire ses institutions.

Mais les événements des derniers jours soulignent tout particulièrement la fragilité des autorités centrales.

Tripoli Libye

© Reuters

Deux attaques sans lien apparent. Tout de suite après l’attaque contre le Parlement, le président du Congrès général national (CGN, le Parlement national, ndlr.), Nouri Abou Sahmein, a envisagé un lien avec les troubles qui ont endeuillé Benghazi ces derniers jours. Mais les autorités libyennes ont ensuite écarté un quelconque lien entre les deux événements.

Hafter Libye

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L’ancien général Khalifa Haftar, qui a monté une armée parallèle, a lancé la semaine dernière des assauts contre les islamistes dans l’ouest du pays. Au moins 79 personnes sont mortes et 141 autres ont été blessées vendredi dernier.

Une annonce déroutante. Dans la soirée, dans la capitale libyenne, un colonel disant parler au nom de l'armée a accentué encore la confusion, en annonçant la "suspension" du CGN, la plus haute autorité politique du pays. "Nous, membres de l'armée et les révolutionnaires, nous annonçons la suspension du CGN", a déclaré le colonel Mokhtar Fernana, commandant de la Police militaire, précisant qu'il ne s'agissait pas d'un coup d'Etat.

Ce colonel, originaire de la ville de Zenten, à 170 km au sud-ouest de Tripoli, n'a pas indiqué comment cette annonce allait être mise en œuvre. La milice qu’il dirige est considérée comme une des plus puissantes du pays.

Réplique immédiate contre une télévision. Plus tard, une des deux télévisions qui ont diffusé le communiqué, Libya International, a été la cible d'une attaque à la roquette. Personne n’a été blessé, mais la télévision, considérée comme le bras médiatique de cette milice, déplore des dégâts matériels.

Les islamistes prolifèrent. Au milieu de cette confusion, des brigades islamistes tentent également d’imposer leur loi dans le pays. Les autorités de Tripoli se sont montrées incapables d’endiguer l’expansion de ces groupes, allant jusqu’à nier l’existence d’un quelconque problème islamiste dans le pays.

Depuis plusieurs mois, le CGN a donc laissé le champ libre aux milices armées pour combattre les extrémistes. Avec le risque de se faire prendre à son propre jeu.

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