Libye : le cri d’alerte de France Terre d’asile

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avec Antonin Amado , modifié à
L’ONG dénonce le silence des autorités face aux décès d’immigrés qui tentent de fuir par la mer.

"Il faut un sursaut moral". Pierre Henry, le président de l’ONG France Terre d’asile dénonce le silence de la France face au nombre de décès par noyade d’immigrés venus de Libye ou de Tunisie. Pour les organisations humanitaires, il ne faut pas seulement intervenir en Libye, mais aussi se donner les moyens d’empêcher ces naufrages dans la Méditerranée.

Jeudi, encore, 200 migrants, dont des Libyens, fuyant leur pays ont fait naufrage au large de la Tunisie. Cent-vingt corps ont été repêchés vendredi. Une situation grave, pour les organisations humanitaires, qui demandent aux autorités françaises, mais aussi européennes, de réagir.

Le concept de la protection des populations

"Combien sont-ils à avoir perdu la vie depuis le début du conflit en Libye ? 1.000, 1.500, 2.000 ?", s’inquiète Pierre Henry, qui dénonce "un paradoxe invraisemblable à imaginer qu’il n’y aurait pas de conséquences de cette guerre qui dure maintenant depuis trois mois en Libye".

Selon l’ONG, plus de 900 000 personnes ont été déplacées à la suite du conflit libyen dont plus de 400 000 en Tunisie. "La plupart des pays européens sont allés faire la guerre en Libye au nom d’un concept qui est celui de la protection des populations civiles", note Pierre Henry au micro d'Europe 1.

"Est-ce qu’on peut imaginer que ce concept s’arrête aux portes de Benghazi et ne concerne pas les réfugiés qui tentent de sauver leur peau", s’interroge-t-il, soulignant que "le temps est venu d’un véritable sursaut moral".

Bayrou veut "force de secours européenne"

Et les ONG ne sont pas les seules à dénoncer le silence de l’Union européenne. Le président du MoDem, François Bayrou, a également critiqué vendredi l'"indifférence" de l'Europe après le naufrage au large de la Tunisie.

"J'appelle les pouvoirs publics français et européens à organiser d'urgence la sauvegarde des réfugiés", a-t-il dit. Interrogé sur les actions à mettre en oeuvre selon lui, il a prôné la création d'une "force de secours européenne", déplorant que les Tunisiens soient "laissés en première ligne".