Liberté de la presse : le continent américain passe pour la 1ère fois derrière l'Afrique

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Le Venezuela ne figure qu'à la 139ème place du classement 2016 de RSF. © JUAN BARRETO / AFP
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avec AFP , modifié à
Mercredi, "Reporters sans frontières" publie son classement mondial de la liberté de la presse. 

La liberté de la presse s'est dégradée dans toutes les régions du monde en 2015, particulièrement sur le continent américain qui passe pour la première fois derrière l'Afrique dans le classement annuel de Reporters sans frontières publié mercredi. Ce classement de la liberté de la presse dans 180 pays, publié depuis 2002, s'appuie sur une série d'indicateurs comme le pluralisme, l'indépendance des médias ou encore l'autocensure.

Une "dégradation" générale. "Tous les indicateurs du classement témoignent d'une dégradation. De nombreuses autorités publiques essaient de reprendre le contrôle de leurs pays, craignant de trop grandes ouvertures du débat public", a commenté Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. "Aujourd'hui, il est de plus en plus facile pour tous les pouvoirs de s'adresser directement au public grâce aux nouvelles technologies, et donc il y a une violence plus grande contre tous ceux qui représentent l'information indépendante."

L'Amérique du sud inquiète. Le continent américain a particulièrement reculé en raison notamment d'assassinats de journalistes en Amérique centrale, relève l'ONG. En Amérique latine, "la violence institutionnelle (au Venezuela, 139e, ou en Equateur, 109e), celle du crime organisé (comme au Honduras, 137e), l'impunité (comme en Colombie, 134e), la corruption (comme au Brésil, 104e), la concentration des médias (comme en Argentine, 54e) constituent les principaux obstacles à la liberté de la presse", souligne RSF. Le continent passe ainsi derrière l'Afrique, même si la zone Afrique du Nord/Moyen Orient reste la région du monde où les journalistes sont "les plus soumis à des contraintes de toutes sortes".

Et la France ? Du côté des bons élèves, la Finlande conserve sa première place pour la sixième année consécutive, suivie des Pays-Bas et de la Norvège. Si l'Europe demeure la zone où les médias sont les plus libres, RSF constate un affaiblissement de son modèle : "détournement du contre-espionnage et de la lutte contre le terrorisme, adoption de lois permettant une surveillance à grande échelle, augmentation des conflits d'intérêts, mainmise de plus en plus grande des autorités sur les médias publics et parfois privés, le continent ne s'illustre pas par une trajectoire positive". En France (45ème, -7 places), RSF déplore qu'"une poignée d'hommes d'affaires ayant des intérêts extérieurs au champ des médias finissent par posséder la grande majorité des médias privés à vocation nationale".