Liban : le délicat voyage de Benoît XVI

Un poster géant souhaitant la bienvenue au pape au Liban.
Un poster géant souhaitant la bienvenue au pape au Liban. © REUTERS
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François Clauss, envoyé spécial au Liban, avec , modifié à
REPORTAGE - Le pape a entamé vendredi un voyage historique mais ultra-sensible au Proche-Orient.

Benoît XVI a débuté vendredi l'un de ses voyages les plus difficiles : le pape arrivé Liban où il a posé en exemple "le dialogue religieux entre les chrétiens et leurs frères d'autres religions" dans le petit pays. Mais, entre l'issue du conflit de la Syrie voisine qui suscite l'inquiétude des chrétiens et la vidéo anti-musulmans qui embrase la rue arabe, c'est dans un contexte particulièrement tendu qu'il s'adresse aux chrétiens du Proche-Orient.

A Zahlé, fief chrétien du Liban, le journaliste d'Europe1 François Clauss a rencontré l'évêque de la ville et des réfugiés chrétiens :

A l'entrée de la ville de Zahlé, se dresse, sur une colonne de béton de plus de 50 mètres de haut, une statue de la vierge. Elle semble tendre la main vers la montagne toute proche. Derrière la montagne, à moins de 30 kilomètres : la Syrie, à feu et à sang.

"Il y avait aussi une liberté religieuse en Syrie"

Dans ce bastion chrétien de la Bekaa, la population est en première ligne et le message qu'adressera tout à l'heure au pape l'évêque de la ville, Issam Darwich, ne sera pas loin de celui porté par les démocraties des grands pays chrétiens d'Occident. "C'est vrai qu'il y avait une forme de dictature en Syrie, mais il y avait aussi une liberté religieuse qu'il n'y avait pas dans d'autres pays arabes. Pour cela, les Chrétiens syriens ont peur du changement" en Syrie, a confié Issam Darwich. 

"Les rebelles syriens nous ont dit : 'partez'"

Zahlé a accueilli 400 familles de Chrétiens ayant fui la révolution syrienne. C'est le cas de cet homme qui a fui son village et son restaurant avec femme et enfants : "les révolutionnaires sont entrés dans nos maisons, ils les ont détruites, brulées et ils nous ont menacés. Ils ont dit : 'partez ce n'est pas votre pays ici'", a raconté ce réfugié à Europe1.

Comment ne pas condamner un régime qui massacre sa population sans soutenir une révolution qui fait peur : c'est l'équation qui attend Benoît XVI au Liban pour l'un de ses voyages les plus délicats. En exhortant les chrétiens d'Orient à ne pas quitter leurs terres, comme il doit le faire, le pape risque d'avoir du mal à convaincre les familles réfugiées à Zahlé.