Les Ukrainiens, entre peur et espoir

© Reuters
  • Copié
Walid Berrissoul, Jean-Sébastien Soldaïni avec , modifié à
ET MAINTENANT - En sept jours seulement, l’Ukraine a changé de visage. Le bouleversement provoque des sentiments mitigés.

L'AMBIANCE. La division de l’Ukraine va compliquer la transition dans le pays, après la destitution du président Viktor Ianoukovitch. Après une week-end mouvementé, les Ukrainiens font part lundi de leurs peurs et de leurs espoirs aux envoyés spéciaux d’Europe 1.

Stop à la corruption. A Kiev, Alexis espère que la fin du régime Ianoukovitch va pouvoir mettre fin à la corruption de l’administration ukrainienne. Son "quotidien, c’est de travailler avec les entreprises d’Etat", et il raconte que "les pots de vin, c’est permanent, le copinage est partout pour l’attribution de marchés (publics, ndlr.) et on ne pouvait rien y faire". L’arrivée au pouvoir d’Olexandre Tourtchinov comme président par interim est un signe important, pour le sympathisant de Maidan. "Ce serait bien que tout ça cesse, à présent", espère-t-il. "Tout doit devenir plus transparent, plus honnête, et cela est valable dans tous les domaines", continue-t-il au micro de l’envoyé spécial d’Europe 1.

Mais la crainte principal des Ukrainiens, maintenant, c’est le défaut de paiement de l’Etat. En pleine répression des manifestations,  l’agence Standard and Poor’s a abaissé la note du pays à CCC, indiquant un danger important de faillite. La Russie devait verser un prêt de 15 milliards de dollars à Kiev, mais rien n’est moins sûr aujourd’hui. Dimitri, à Kiev, pense que le pays peut s’en sortir : "Même si les caisses sont vides, on peut réussir à gérer ça intelligemment", croit-il. "Il faut peut-être réduire le budget de la police quand on voit la façon dont ils ont réprimé les manifestants", souligne le partisan de Maïdan. "Même chose pour l’administration fiscale, qui est très corrompue", ajoute Dimitri au témoignage de son compatriote Alexis. "Mais quoi qu’il arrive, sans l’aide financière internationale, on ne s’en sortira pas", déclare-t-il, appelant l’Union européenne à l’aide.

Les pro-russes inquiets. De l’autre côté du pays, l’inquiétude prime sur l’espoir. A Donetsk, où la sympathie pour la Russie prévaut sur les espoirs venus de l’Union européenne, on ne rend pas hommage aux manifestants, mais plutôt aux policiers morts dans les affrontements. "Moi, je suis ici pour éviter que les gens de l’Ouest viennent, jettent des cocktails molotov et disent ‘à bas les russophones’", affirme un habitant de la ville. Certains ne comprennent pas la chute de Ianoukovitch : "25.000 personnes qui décident pour toute l’Ukraine ? Ce n’est pas possible, ce qui se passe dans le pays", s’énerve l’un d’entre eux.

La division du pays est donc sur toutes les lèvres, comme l’explique un habitant de Donetsk. "C’est vrai qu’en Ukraine, on est divisés. Il y a deux mentalités : celle de l’Est et celle de l’Ouest". Il met en garde contre de possibles contre-manifestations :  "Ici, à l’Est, les gens réagissent lentement ; mais s’ils commencent à se soulever alors ils peuvent aller jusqu’à Berlin."

sur le même sujet, sujet,

REPRESSION - Ianoukovitch recherché pour "meurtres de masse"

LIBERTE - L'opposante Ioulia Timochenko sort de prison

REPLAY - Retour sur une journée historique en Ukraine