Les pirates du Web se mettent à la politique

Les supporters du parti pirate lors d'une manifestation à Berlin , le 12 septembre 2009.
Les supporters du parti pirate lors d'une manifestation à Berlin , le 12 septembre 2009. © REUTERS
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En Allemagne, le Parti pirate pourrait dépasser les libéraux aux prochaines élections à Berlin.

Les pirates du Web ne se limitent plus à la seule sphère informatique, ils lorgnent désormais sur la politique et cette reconversion n’est pas fantaisiste, à en croire un récent sondage qui a fait l’effet d’une bombe outre-Rhin.

Selon une étude réalisée par l’institut de sondage Infratest pour la chaîne de télévision ARD, le Parti pirate recueille 6,5% des intentions de vote aux prochaines élections à Berlin. "Le Parti pirate a le vent en poupe : il a de bonnes chances de siéger pour la première fois au Parlement régional", commente le quotidien Der Spiegel, avant de comparer ce chiffre avec le score des libéraux du FDP : seulement 3%.

Quand les libertaires dépassent les libéraux

Les libéraux du FDP, dont le principal combat est la baisse des impôts, ont atteint leur zénith lors des élections de 2009 en recueillant 14% des voix, ce qui leur a permis de former une coalition avec les conservateurs de la CDU menée par Angela Merkel. Mais la crise de la dette est passée par là et les a fait dévisser lors des dernières élections régionales.

A l’inverse, le parti pirate séduit de plus en plus la jeunesse allemande, devenant "une soupape de protestation et séduit d’autant plus une population dépolitisée", explique Oskar Niedermayer, politologue à la Freie Universität de Berlin, dans les colonnes du quotidien Die Welt. Et ce dernier de conclure : "ce n’est pas un parti de rigolo mais de jeunes gens tout ce qu’il y a de plus intelligent".

Pour un Web libertaire

Emanation du collectif hacker The Pirate Bay, le premier parti pirate a été créé le 1er janvier 2006 en Suède pour défendre la liberté des échanges de données sur Internet. Créé en septembre 2006, le parti pirate allemand fait donc partie d’un réseau : il est en liaison direct avec ses homologues suédois, français, suisse, autrichien et péruvien, formant ainsi une sorte d’Internationale du Web libertaire.

Son combat ? La réforme du droit de la propriété intellectuelle sur les biens immatériels, afin d’en favoriser les échanges en ligne, notamment à des buts éducatifs. Le Parti pirate prône également un renforcement de la démocratie directe, de la protection des données privées et une plus grande transparence, à l’image des révélations faites par Wikileaks.

Un pied dans la politique, le Parti pirate n’a pas pour autant coupé les ponts avec la communauté hacker, si bien que le serveur de son site Internet a été mis sous séquestre par les autorités de Darmstadt en mai 2011. Les autorités françaises avaient saisi leurs homologues allemands, soupçonnant que des attaques informatiques contre EDF aient transité par ce serveur.