Les joutes cathodiques sont de retour

© Reuters
  • Copié
Hélène Favier , modifié à
Au Royaume-Uni, pour la première fois, des débats télévisés auront lieu avant les élections de mai.

Rituel incontournable de la vie politique en France et aux Etats-Unis notamment, il n'y a jamais eu de débat télévisé au Royaume-Uni. Ce sera chose faite cette année, avec la programmation de trois affrontements entre les chefs des grands partis engagés dans les élections législatives.

Les trois débats dont le premier est prévu jeudi, vont opposer le Premier ministre travailliste Gordon Brown, le conservateur David Cameron et le libéral-démocrate Nick Clegg avant le scrutin du 6 mai.

Depuis 1964, les tentatives échouent

L'idée du recours au débat télévisé a souvent été agitée au Royaume-Uni, depuis que le travailliste Harold Wilson l'a proposée, en vain au conservateur Alec Douglas-Home, en 1964. Depuis, elle a resurgi à chaque élection mais a toujours été rejetée par l'un des camps. "Jusqu'à présent, les conservateurs et le Labour ne s'étaient jamais entendus", remarque John Curtice, politologue à l'université de Strathclyde. "La position classique c'était que le Premier ministre en exercice était réticent à débattre".

Mais cette année, Gordon Brown à qui rien ne répugne tant que l'exercice médiatique, a été poussé à relever le gant par ses conseillers qui le pensent capable de surprendre agréablement. Il a pris ce pari "car son parti était très en retard dans les sondages et car il pense qu'il peut battre Cameron", observe John Curtice.

Avec son sens de la formule, David Cameron n'a cessé de défier Gordon Brown, depuis son élection à la tête des Tories en 2005 et voit donc d'un bon oeil la programmation d'un tel débat. Enfin de son côté, Nick Clegg y voit une opportunité de sortir les libéraux-démocrates de leur relatif anonymat.

Qui a le plus à perdre ?

Les trois hommes ont l'habitude de débattre chaque mercredi lors des questions au Premier ministre à la chambre des Communes. Les échanges y frisent souvent l'agressivité mais, devant une audience élargie, le ton devrait être plus courtois.

Regardez un de leur affrontement, sur le Royal Mail :

Favori, David Cameron a "le plus à perdre car il est en tête dans les sondages et car les gens s'attendent à ce qu'il gagne", considère John Curtice. Cela dit, "le débat télévisé pourrait lui fournir l'opportunité" de donner l'estocade à un Labour légèrement distancé dans les intentions de vote.

Le leader tory devra veiller à ne pas sembler trop maîtriser l'outil audiovisuel en conservant authenticité et spontanéité. Lui qui pendant ses discours aime balayer la scène, devra rester à son pupitre. En revanche, le côté formel de l'occasion pourrait convenir à Gordon Brown qui a avoué être "nerveux" et s'est exercé avec l'aide d'Alastair Campbell, l'ancien conseiller en communication de Tony Blair.