Irak : la France va livrer des équipements de secours

Barack Obama, dans le bureau ovale de Maison blanche.
Barack Obama, dans le bureau ovale de Maison blanche. © Reuters
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avec agences , modifié à
L'ESSENTIEL - En soutien des États-Unis, qui ont commencé à bombarder des positions de l’État islamique, Paris et Londres vont bientôt livrer des équipements de secours.

Face à la poursuite des combats en Irak, qui menacent des dizaines de milliers de civils, la communauté internationale s'est décidée à intervenir. Les Etats-Unis ont bombardé à plusieurs reprises des positions d'artillerie de l’État islamique en Irak qui menaçaient les personnels américains basés à Erbil, dans le Kurdistan irakien. Ces frappes ont permis d'"éliminer des terroristes", a indiqué le Pentagone vendredi soir. Il n'y a "pas de calendrier" sur la fin des frappes américaines, a fait savoir Barack Obama samedi.

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La France, elle, est "prête à prendre toute sa part" à la lutte contre les djihadistes, a déclaré François Hollande dans un communiqué. "François Hollande et David Cameron (Premier ministre britannique), que j'ai eu ce matin, ont fait preuve d'un soutien fort et ont dit qu'ils apporteraient de l'assistance et de l'aide humanitaire pour nous aider", a détaillé le président américain samedi. La France va livrer ses premiers équipements de secours "dans les prochaines heures", a renchéri l’Élysée peu après.

# LES TROIS INFOS A RETENIR

• Barack Obama avait annoncé jeudi qu'il avait autorisé des parachutages humanitaires en Irak et, si nécessaire, des frappes aériennes ciblées contre les djihadistes pour protéger le personnel américain et éviter un "génocide" des minorités menacées par l'Etat islamique. Les frappes américaines ont commencé vendredi et ont permis "d'éliminer des terroristes".

• La France va "examiner d'éventuelles actions avec ses partenaires" et "se félicite" de l'intervention américaine, a indiqué vendredi François Hollande. La France va livrer ses premiers équipements de secours "dans les prochaines heures", a complété l’Élysée samedi vers 19h.

• Les djihadistes se sont emparés jeudi de Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d'Irak, poussant des dizaines de milliers de personnes à fuir. Ils ont également pris le contrôle du plus grand barrage d'Irak, au nord de Mossoul. "Ils avancent plus vite que nous le pensions", a reconnu Barack Obama samedi.

# LES ÉVÈNEMENTS

Obama entre en scène. "Nous sommes confrontés à une situation où des innocents pourraient être victimes de violences terribles. Les Etats-Unis ne peuvent détourner le regard", a lancé Barack Obama vendredi dans une allocution solennelle depuis la Maison-Blanche. Mais deux ans et demi après le départ du dernier soldat américain d'Irak, le président américain a réaffirmé qu'il n'enverrait aucune troupe au sol dans le pays, "parce qu'il n'y a pas de solution militaire américaine à la crise" que connaît le pays depuis le début de l'offensive djihadiste début juin.

Le locataire de la Maison blanche a toutefois autorisé des "frappes ciblées" sur les terroristes. Impossible de résoudre le problème "en quelques semaines", a-t-il également reconnu samedi. L'avancée des jihadistes en Irak est "plus rapide" que nous le pensions, a complété Barack Obama. Il s'est toutefois dit confiant "dans le fait que nous pourrons empêcher l'Etat islamique d'aller dans les montagnes et de massacrer les gens qui se sont réfugiés là-bas", même si mettre ensuite ces dizaines de milliers de personnes dans un endroit sûr sera compliqué d'un point de vue logistique. "Le calendrier le plus important à mes yeux est celui qui permettra au gouvernement irakien d'être finalisé, car sans gouvernement irakien, il est très difficile pour les Irakiens de lutter contre l'EI", a-t-il affirmé.

Les premières frappes vendredi. Les Etats-Unis ont bombardé des positions d'artillerie de l'Etat islamique en Irak qui menaçaient les personnels américains basés à Erbil, dans le Kurdistan irakien, a annoncé vendredi le Pentagone. Deux chasseurs bombardiers américains F/A 18 ont largué des bombes de 250 kilos sur une pièce d'artillerie mobile de l'Etat islamique en Irak, a précisé le Pentagone vendredi, peu après avoir révélé les frappes. Cette pièce d'artillerie a servi à bombarder des forces kurdes à Erbil, dans le Kurdistan irakien et menaçait des personnels américains basés dans la ville, selon le porte-parole du Pentagone, l'amiral John Kirby.

De nouvelles frappes sont intervenus dans l'après-midi. Elles ont permis d'"éliminer des terroristes", a indiqué le Pentagone. Vers 10h vendredi, heure de Washington (14h GMT), une frappe, menée par un drone, a "éliminé des terroristes" qui servaient un mortier. Puis, à 11H20 (15H20 GMT), quatre chasseurs ont largué un total de huit bombes qui ont neutralisé un convoi et un mortier près d'Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, a expliqué le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby. 

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La France est "prête". François Hollande a salué vendredi les frappes américaines. "La France va examiner avec les Etats-Unis et l'ensemble de ses partenaires les actions qui pourraient être menées afin d'apporter conjointement tout le soutien nécessaire pour mettre un terme aux souffrances des populations civiles. Elle est prête à y prendre toute sa part", ajoute le communiqué de l’Élysée. François Hollande y appelle l'Union européenne "à jouer très rapidement un rôle actif ".

La France va ainsi livrer ses premiers équipements de secours "dans les prochaines heures", a complété l’Élysée samedi vers 19h. C'est ce qu'a indiqué le président François Hollande au président du Kurdistan irakien Massoud Barzani samedi, lors d'un nouvel entretien téléphonique, a précisé la présidence française dans un communiqué. Londres devrait aussi effectuer des largages d'aide humanitaire "d'une façon imminente", selon le ministre des Affaires étrangères londonien.

Se félicitant du soutien affiché par la France et la Grande-Bretagne aux frappes américaines, Barak Obama avait auparavant dit réfléchir avec ses alliés aux moyens de mettre en place un corridor humanitaire qui permettrait aux membres de la minorité religieuse yazidi de fuir la région du mont Sinjar, où ils sont encerclés par les djihadistes de l’État islamique.

7/8/2014 sécurité irakiennes et volontaires au nord de Bagdad Irak Reuters 930x620

© REUTERS

L'avancée des djihadistes. Les forces irakiennes et kurdes s'apprêtaient samedi à lancer une contre-offensive sur des territoires perdus dans le nord de l'Irak. Les insurgés sunnites menés par l'Etat islamique (EI) qui se sont emparés depuis le 9 juin de vastes pans du territoire irakien, étaient jusqu'à présent restés à distance de la région autonome du Kurdistan. Mais ce pacte tacite de non-agression a volé en éclat fin juillet et les peshmergas kurdes ont enregistré une série de revers. La progression des jihadistes a jeté sur les routes des dizaines de milliers de personnes, en particulier des chrétiens et de nombreux Yazidis, une minorité kurdophone connue pour adorer une divinité associée par les musulmans au diable.

>> Les villes contrôlées par l'Etat islamique :

Après les premiers bombardements américains, le temps est venu de contre-attaquer, a estimé vendredi Fouad Hussein, un haut responsable kurde. "Les peshmergas vont d'abord se regrouper, puis se redéployer dans les zones dont ils étaient partis, et enfin aider les réfugiés à rentrer chez eux". Réputés pour leur efficacité et leur organisation, les peshmergas ont profité de la déroute de l'armée en juin pour s'emparer de nouveaux territoires. Mais des difficulités financières, associées au poids que représente la sécurisation d'un territoire aggrandi de 40%, les ont rendus vulnérables à la pression jihadiste.

Les combattants de l'EI ne se trouvent désormais qu'à une quarantaine de kilomètres d'Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, mais n'ont pas franchi les frontières de la province autonome telles que définies avant juin.