Les Etats-Unis imposent des droits antidumping sur les avions canadiens Bombardier

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Des droits antidumping de quelque 220% seront imposés sur les avions de transport civils CSeries fabriqués par le canadien Bombardier. © ERIC PIERMONT / AFP
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avec AFP , modifié à
La cheffe du gouvernement britannique Theresa May s'est dite mercredi "amèrement déçue" par la décision du gouvernement américain d'imposer des droits antidumping.

Les États-Unis ont décidé mardi d'imposer des droits antidumping de quelque 220% sur les avions de transport civils CSeries fabriqués par le canadien Bombardier, provoquant de vives réactions du Canada et des menaces de rétorsions. L'avionneur américain Boeing avait saisi son gouvernement, accusant Bombardier de faire bénéficier ces avions, d'une capacité de 100 à 150 sièges, de subventions publiques leur permettant d'être vendus en-dessous de leur prix de revient. Le Canada que le Royaume-Uni, où sont fabriqués des éléments de ces appareils, avaient de leur côté mis Washington en garde contre les conséquences d'une mesure commerciale de rétorsion.

"Les Etats-Unis attachent une grande importance à leurs relations avec le Canada, mais même nos alliés les plus proches doivent respecter les règles", a affirmé le secrétaire au commerce américain Wilbur Ross, cité dans le communiqué annonçant la décision américaine. "Les subventions publiques accordées par des gouvernements étrangers sont une chose que l'administration Trump prend très au sérieux (...)", a-t-il ajouté.

Tensions entre Canada et États-Unis. Cette décision, qui doit encore faire l'objet d'une confirmation définitive d'ici le 12 décembre, va contribuer à envenimer encore davantage les relations entre Ottawa et Washington, déjà passablement tendues par la renégociation en cours du traité de libre-échange nord-américain (Aléna) entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. 

"Il est évident que la décision vise à éliminer les aéronefs de la série C de Bombardier du marché américain", a affirmé mardi soir Chrystia Freeland, la ministre canadienne des Affaires étrangères, en soulignant toutefois que "l'enquête n'en est qu'à une étape préliminaire et qu'aucun droit ne peut être imposé tant que les enquêtes ne sont pas terminées". Le Premier ministre canadien Justin Trudeau avait menacé la semaine dernière de ne pas acheter de chasseurs Boeing Super Hornet pour l'armée canadienne si Washington mettait ses menaces à exécution.

May "amèrement déçue". Mercredi, la cheffe du gouvernement britannique Theresa May s'est dite également "amèrement déçue" par la décision du gouvernement américain. Ajoutant que "le gouvernement continuera de travailler avec l'entreprise pour protéger des emplois vitaux en Irlande du Nord". Bombardier est un des principaux employeurs en Irlande du nord, avec près de 8.000 personnes, dont 4.200 pour les seules activités aéronautiques, la majeure partie dans son usine de Belfast où sont fabriqués les ailes et des éléments du fuselage du CSeries.

D'autres sujets de désaccords. Cette décision américaine tombe au moment où les négociateurs américains, canadiens et mexicains ont des désaccords sur la renégociation de l'Aléna. Pour Chrystia Freeland, faire payer des droits antidumping à Bombardier pénaliserait les sous-traitants américains de Bombardier qui emploient "directement près de 23.000 salariés bien rémunérés dans de nombreux Etats américains". Le syndicat canadien des machinistes s'est aussi élevé contre cette décision qu'il a qualifiée de "plus politique que juridique", en qualifiant de "folie" le montant des droits imposés par Washington. "Si pour les Américains l'Aléna est mort, qu'on nous le dise tout de suite", a lancé David Chartrand, le président du syndicat.