En Syrie, l'armée américaine bombarde l'Etat islamique

La ville de Raqqa, contrôlée par l'Etat islamique, pourrait avoir été visée par les Etats-Unis
La ville de Raqqa, contrôlée par l'Etat islamique, pourrait avoir été visée par les Etats-Unis © Reuters
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avec agences , modifié à
Un raid américain a eu lieu pour la toute première fois en Syrie. Il visait des positions de l'Etat islamique.

L'INFO. En trois ans de guerre civile, jamais une puissance étrangère n'était intervenue militairement. Mardi matin, les Etats-Unis ont changé la donne en déclenchant pour la première fois des raids aériens contre des positions de l'Etat islamique en Syrie. Selon le Pentagone, il s'agirait d'une opération de l'armée américaine et de "partenaires".

"Je peux confirmer que l'armée américaine et des forces de nations partenaires mènent une action militaire contre les terroristes de l'EIIL (l'ancien nom utilisé par l'Etat islamique, ndlr.) en Syrie, au moyen d'avions de chasse, de bombardiers et de missiles Tomahawk", a indiqué dans un communiqué le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby.

Des cibles incertaines. L'Etat islamique contrôle de vastes pans du territoire syrien, base de son implantation. Le lieu précis de cette attaque n'est pas précisé par Washington, mais selon un membre de l'administration américaine, cité par Reuters, la ville de Raqqa aurait été visée. Cette localité, passée sous la coupe des djihadistes voilà plus d'un an, est en effet considérée comme la "capitale" de l'Etat islamique. Des positions du groupe terroriste à la frontière entre la Syrie et l'Irak pourraient également avoir été la cible de bombardements.

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Raqqa dégâts 640

© Reuters

Selon ce responsable américain, des dépôts d'armes et des bâtiments administratifs faisaient partie des objectifs militaires de l'opération de mardi matin. Des photographies de Raqqa montrent des bâtiments endommagés après le crash d'un drone, d'après des militants de l'Etat islamique.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, une association proche de la rébellion, la coalition internationale a mené une cinquantaine de frappes, notamment "contre des positions, de bases et des postes de l'EI dans la ville de Raqqa et près des localités de Tabqa, Aïn Issa et Tel Abyad". L'ONG estime que les frappes ont causé la mort d'au moins 120 djihadistes et fait 300 blessés. 

Al-Qaïda également visé. Par ailleurs, l'Observatoire syrien des droits de l'homme affirme que les Etats-Unis ne se sont pas contentés de viser l'Etat islamique. Un sous-groupe affilié à la branche d'Al-Qaïda en Syrie faisait également partie des cibles. Il s'agit de l'organisation Khorasan, proche du Front al-Nosra. Selon l'organisation, des combattants mais aussi huit civils ont été tués dans les environs d'Alep.

Ces premières attaques aériennes constituent un tournant majeur dans la guerre en Syrie, qui s'est propagée en Irak il y a quelques mois.

Qui sont les "partenaires" ? Le communiqué de la Défense ne dit rien non plus des partenaires qui y sont évoqués mais selon le New York Times "plusieurs pays arabes alliés y ont participé" et la chaîne de télévision ABC précise qu'il s'agit du Bahreïn, du Qatar, de la Jordanie, de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis. Selon Al Jazeera, la Jordanie a confirmé sa participation aux frappes américaines. 

Damas dit avoir été informé. Damas dit soutenir "tout effort international pour combattre le terrorisme [comme] celui de Daesh [l'un des acronymes de l'Etat islamique] et celui d'al-Nosra, tout en insistant sur le respect de la souveraineté nationale et conformément aux lois internationales". Le ministère syrien des Affaires étrangères précise aussi que la Syrie a été informée lundi des frappes américaines, un message transmis à Damas par le chef de la diplomatie irakienne.

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L'Irak et la Syrie. Le 10 septembre, le président américain avait infléchi sa politique lors d'un discours, indiquant qu'il se réservait le droit de frapper l'Etat islamique, y compris sur ses bases syriennes. "Notre objectif est clair : nous affaiblirons, et, à terme, détruirons l'EI", avait déclaré Barack Obama, qui considère le groupe djihadiste comme une "organisation terroriste qui n'a d'autre vision que le massacre de tous ceux qui s'opposent à elle". Il y a dix jours, Washington avait lancé ses premières opérations aériennes en Irak.

Depuis lors, le président Obama et son secrétaire d'Etat, John Kerry, ont œuvré pour monter une coalition la plus large et la plus légitime possible.

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Plusieurs dizaines de pays ont offert de participer d'une manière ou d'une autre au combat contre l'EI, y compris une dizaine de pays arabes. La France est pour l'heure le seul allié à avoir bombardé des positions de l'Etat islamique en Irak la semaine dernière.