Les Australiens manifestent à coups de hashtags et de bougies

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Après la mort d’un demandeur d’asile, les Australiens se mobilisent contre la politique d’immigration du gouvernement.

L’INFO. La tragédie de trop. Reza Berati, un Iranien de 23 ans, est mort dans une émeute, en Australie. Il avait passé les six derniers mois dans un centre de rétention pour demandeurs d’asile, où des violences, qui lui ont coûté la vie, ont fait plus de soixante blessés graves la semaine dernière. Le week-end dernier, environ 15.000 Australiens ont rendu hommage à cette victime du durcissement de la politique migratoire australienne. Des veillées aux chandelles ont eu lieu à Perth, Adelaide, Melbourne, Sydney, …

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Dans les rues et sur la toile. "L’Australie n’est pas la France. Il n’y a pas de manifestations aussi souvent", explique à Europe 1 un chercheur français installé à Melbourne et qui a participé à une veillée. "Mais il est intéressant de voir le rôle de Facebook et Twitter pour mobiliser la compassion humaine et commencer à générer un vrai débat." Car après la veillée aux chandelles, la mobilisation continue sur les réseaux sociaux.

A coups de hashtag, des Australiens disent leur ras-le-bol de la politique restrictive menée par les deux grands partis ces dernières années. #LightTheDark ("une lueur dans l’obscurité") est devenu trending topic en Australie sur Twitter. Les bougies allumées en hommage à Reza Berati, dans les rues ou les maisons, ont ainsi trouvé un relais sur la toile. Au total, plus de 30.000 tweets ont été postés en un week-end.

"Qui sera le plus cruel ?" Et puis, la mobilisation sur le réseau social a pris un tour plus politique lundi, avec le hashtag #NotInMyName ("pas en mon nom"). Un site a commencé à recenser les photos d’Australiens s’excusant des décisions de leur gouvernement en matière de demandes d’asile. Il reprend ainsi un des mots d’ordre des écologistes australiens. Une sénatrice s’indignait de la politique de "Tony Abbot (le Premier ministre, ndlr.) et Kevin Rudd (son prédécesseur, ndlr.)" qui "font une compétition sur qui sera la plus cruel et le plus dur envers les réfugiés".

"La mort de Reza Berati est un cas tellement extrême, mais qui est cohérent avec les conditions de vie horribles des demandeurs d’asile", explique Matt Levinson, membre de l'association Get Up contacté par Europe 1. Ces mobilisations mettent la pression sur le gouvernement Abbott. "Ces camps de rétention sont financés par les impôts. Et les gens veulent savoir ce que l’on fait de leur argent", appuie l’activiste.

Rétention d’informations. Depuis son élection, le Premier ministre a lancé un nouveau mot d’ordre sur l’immigration clandestine : "Stop the boats", arrêtez les bateaux en français. Tony Abbott a ainsi perpétué la politique de l’opposition travailliste en durcissant les conditions de vie des demandeurs d’asile. Des camps de rétention hors du territoire souverain de l’Australie ont été remis en activité. La Papouasie-Nouvelle-Guinée, l’île Christmas et peut-être bientôt le Cambodge accueillent les migrants clandestins vers l’Australie.

Les informations fuitent peu, sur les réelles conditions d’accueil de ces camps de rétention, où les journalistes sont interdits. Récemment, une ancienne employée du camp de l’île Manus a brisé le silence. Elle a dévoilé à la télévision SBS les dessous de cette institution de Papouasie-Nouvelle-Guinée, où est mort le jeune Iranien. Les employés ont pour consigne de mentir aux demandeurs d’asile, en "oubliant" de leur mentionner la possibilité légale de demander un asile vers le pays qui les fait rêver. "Il n’y a aucune procédure […] Cela a été conçu comme une expérience de création active de l’horreur, dans le but de dissuader par la terreur", explique une Liz Thompson. Cette politique, aussi populiste soit-elle, passe mal en Australie, presque uniquement peuplée d’immigrants et de descendants d’immigrants.

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