L'Egypte mène une véritable chasse aux homosexuels

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Ariane Lavrilleux, édité par A.H. , modifié à
En Egypte, les homosexuels sont les victimes d'une répression inédite depuis quelques jours. 65 personnes ont été arrêtées en l'espace de deux semaines.
REPORTAGE

Tout est parti de quelques drapeaux arc-en-ciel, qui symbolisent la communauté LGBT, et que des jeunes ont brandi lors d'un concert au Caire. Dans ce pays conservateur, ces images ont fait scandale et déclenché des rafles de la police. Accusées d'avoir commis "des actes immoraux", d'inciter "à la débauche" ou encore "d'appartenir un à groupe illégal", 65 personnes ont été arrêtées ces deux dernières semaines. Plusieurs ont même été condamnées à des peines allant jusqu'à six ans de prison.

Une traque qui s'opère d'abord sur Internet. Battus, soumis à un examen anal particulièrement humiliant, agressés par leurs codétenus… C'est le calvaire de ces homosexuels, dont un ami de Naïm. La police l'a retrouvé en l’espionnant en ligne. "Ils ont repéré sa position grâce à son activité sur Internet. Ils l'ont suivi jusqu'à la ville où il se cachait. Et ils l’ont juste cueilli. Après, ils ont récupéré ses conversations privées sur Facebook et ont commencé à arrêter ceux qui lui avaient parlé", rapporte le jeune homme. "La peur est en train de monter. Tout le monde se cache. C'est devenu vraiment grave", atteste Naïm.

"Si quelqu'un les attaque en justice, c'est une bonne chose". Cette traque aux homosexuels est aussi menée par les médias. Le président du conseil suprême pour la régulation des médias, Makram Mohamed les censure et suggère de les dénoncer. "Ils ont le droit de se faire soigner, mais pas d'être fiers. Les chaines de télé ont l'interdiction de leur donner une tribune ou de montrer le drapeau. Et si quelqu'un les attaque en justice, c'est une bonne chose, on l'encourage", assure Makram Mohamed.

Pourtant, en Egypte, l'homosexualité n'est pas interdite. Mais dans la surenchère actuelle, un député a proposé d'en faire un crime condamné à 15 ans de prison.