Magasins vides, électricité rationnée : le quotidien surréaliste des Vénézuéliens

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Le pays traverse actuellement une de ses pires crises. Un enfer au quotidien pour les Vénézuéliens.

Dès l’arrivée du camion de ravitaillement, ils sont des dizaines à se jeter sur les sacs d’oignons et de sucre. A Maracaïbo, deuxième ville du Venezuela, la situation est devenue ingérable. Depuis plusieurs jours maintenant, les habitants manifestent contre la pénurie de vivres et de carburant qui touche tout le pays.

L’accès à l’électricité est rationné lui aussi. Une mesure imposée par le gouvernement. A cause d’une forte sécheresse, le niveau d'eau du barrage de la centrale hydroélectrique de Guri, qui fournit 70% de l'énergie électrique du pays sud-américain, est à un niveau anormalement bas. Mais "la crise que traverse le pays actuellement est bien plus profonde" qu’un problème de barrage, souligne Serge Ollivier, spécialiste de l’histoire du Venezuela, à Europe1.fr.

  • Mauvaise gestion et corruption

"Le Venezuela n’a plus de cash, or c’est un pays qui importe tout", poursuit le chercheur à Paris 1. "Cette crise des liquidités ne date pas d’hier. Elle est due à une mauvaise gestion des dépenses publiques, mais aussi à une corruption très importante dans le pays".

Depuis plusieurs mois maintenant, le président Nicolas Maduro multiplie les initiatives pour tenter de redresser la barre. Il a par exemple modifié le fuseau horaire du pays de 30 minutes pour économiser de l’énergie. Plus récemment, il a décidé que les services publics ne travailleraient que les lundis et mardis.

Face à ces mesures, les manifestations se multiplient un peu partout, malgré des centaines d’arrestations. A Valencia, la capitale de l'État de Carabobo dans le nord du Venezuela, des riverains s’en sont pris à des policiers, exaspérés de voir les hommes en uniforme venir se ravitailler dans un magasin en doublant la longue queue de riverains qui attendent, eux, depuis plusieurs heures.

Sur les images publiées par les Observateurs de France 24, on voit un pick-up de la police municipale s’arrêter devant un supermarché. Rapidement, un homme - sans doute un employé du magasin - dépose des sacs de farine à l’arrière du véhicule, sous le regard de trois policiers qui sécurisent l’opération. Une femme tente de monter dans le véhicule. Les policiers la retiennent. Le ton monte. Les policiers repartent alors rapidement avec leur cargaison.

Pour stopper Nicolas Maduro, l’opposition – conduite par Henrique Capriles - a pris les choses en main en lançant mercredi une grande pétition afin de convoquer un référendum pour la destitution du président. Et les Vénézuéliens étaient nombreux, dès le petit matin, à venir apposer leur signature.

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"Henrique Capriles doit recueillir les signatures d’1% de l’électorat pour que ce référendum révocatoire soit organisé", détaille le chercheur Serge Ollivier. "Il a exactement 30 jours pour atteindre ce pourcentage. Ensuite, il devra faire valider la pétition par le Conseil national électoral. Mais avec les nouvelles règles en vigueur, cette administration n’est ouverte que deux jours par semaine, ce qui va lui compliquer la tâche".

En attendant que le référendum s’organise, les Vénézuéliens font aussi campagne sur les réseaux sociaux. Deux hashtags ont fait leur apparition : #MaduroEsOscuridad (Maduro signifie ténèbres) et #LaCorrupcionNosQuitoLaLuz (La corruption nous a retiré la lumière). Beaucoup reprochent au gouvernement de pénaliser les provinces alors que la capitale Caracas, elle, ne connaît pas les mêmes restrictions que le reste du pays.

 

 

Comment se passera le référendum ?

Une fois la pétition validée par le Conseil national électoral, Henrique Capriles devra réunir quatre millions de signatures pour organiser le référendum.

Le vote pourrait avoir lieu fin novembre.

Pour destituer Nicolas Maduro, il faudra dépasser le nombre de votes obtenus en 2014 par le président soit 7.587.532 suffrages. De nouvelles élections seront alors organisées.