Le Tea Party va-t-il infuser ?

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avec agences , modifié à
Le parti républicain aimerait bien tirer parti de la popularité de ce mouvement ultra-conservateur.

Il n'a pas de vrai chef de file, ni de véritable programme politique et pourtant le Tea Party a réussi une incroyable percée. Ce mouvement populiste spontané et hétéroclite né d'une vive opposition à Barack Obama a réussi son entrée au Congrès américain avec deux candidats élus mardi soir.

La fin des vieux repères bipartisans

Le Tea Party a bousculé en peu de temps le paysage politique américain, voguant sur le mécontentement des électeurs face à une situation économique difficile. Mais malgré la montée en puissance du mouvement, de nombreux experts se demandent toutefois si le groupe a un vrai avenir politique au delà de ce scrutin.

Cette irruption des élus du Tea Party risque en tout cas de brouiller les vieux repères bipartisans au Congrès où démocrates et républicains ont l'habitude de s'affronter. Toutefois, le Tea Party pourrait offrir à Barack Obama une marge de manoeuvre compensant la perte des sièges de son camp. Certains arguments avancés par les membres du Tea Party, tels que la suppression des ministères de l'Energie et de l'Education, sont si excessifs qu'ils pourraient avoir un effet repoussoir dans une partie de l'opinion publique.

"Ils seront obligés de se modérer"

"Que se passera-t-il quand ils seront face à des vrais enjeux de substance ? Ils seront obligés de se modérer un peu pour gouverner avec les républicains", a estimé Leah Pisar, ex-conseillère de Bill Clinton, mercredi sur Europe 1. Pour Mamadou Diouf, professeur à la Columbia University, "ils ont les moyens de déstabiliser le parti républicain, ce qui aurait des conséquences sur la marche politique et économique des Etats-Unis."

Tout au long de la campagne, les démocrates ont tenté de faire apparaître ces nouveaux adversaires comme des extrémistes politiques, dénonçant par exemple leur volonté de privatiser la sécurité sociale. Le Grand Old Party (GOP) a lui bien accueilli ces nouveaux représentants et a pris soin tout au long de la campagne de cajoler ces nouvelles têtes, affirmant qu'ils défendaient des valeurs communes.

Ce succès n'est pas "une adhésion envers le parti républicain"

Marco Rubio, élu mardi sous la bannière du Tea Party, a déjà prévenu les républicains traditionnels que les nouvelles recrues du Sénat n'entendaient pas obéir au doigt et à l'oeil à la vieille garde. "Nous faisons une grave erreur, si nous pensons que les résultats de ce soir sont une adhésion envers le parti républicain", a-t-il affirmé après sa victoire.

En entrant au Sénat, les membres du Tea Party, qui ont pour icône l'ex-candidate à la vice-présidence Sarah Palin, pourraient en tout cas poser quelques jalons pour son éventuelle candidature à la présidentielle de 2012.