Le Royaume-Uni face à une grève monstre

Des manifestants à Londres.
Des manifestants à Londres. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
Des centaines de milliers d’employés du service public de santé britannique ont arrêté le travail, lundi.

Trente deux ans qu’ils n’avaient plus manifesté. Lundi, près de 500.000 salariés du service britannique de santé (National Health Service, NHS) ont été appelés à la grève entre 7 heures et 11 heures.  Un mouvement social inédit depuis les années Thatcher qui concerne tous les employés en Angleterre et en Irlande du Nord, à l’exception des médecins et des dentistes. Même le syndicat les sages-femmes, qui n’ont jamais manifesté en 133 ans d’existence, participent à la grève. Europe1.fr vous explique les raisons de cette colère du service public de santé britannique.

A Manchester aussi, la grève a été très suivie.

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Pas d’augmentation de salaire. A l’origine de cette mobilisation : la décision du ministre de la santé, Jeremy Hunt, de ne pas augmenter les salaires de 1%. Et ce, contrairement aux recommandations d’un organisme indépendant. Depuis 2012, les augmentations ont été plafonnées à 1%, mais le ministre refuse une hausse cette année.  Les syndicats du NHC jugent cette mesure d’autant plus inadmissible que la croissance britannique devrait être de plus de 3% cette année.

Des sacrifices déjà consentis. Surtout, les syndicats estiment avoir déjà consenti de lourds efforts ces dernières années. A l’arrivée du parti conservateur, les salaires avaient été gelés pendant deux ans. Selon le secrétaire général du syndicat UNISON, Dave Prentis, le pouvoir d’achat des personnels de santé a dramatiquement chuté: « L’inflation continue d’augmenter depuis 2011 alors que dans le même temps le niveau des rémunérations des employés du NHS a baissé de près de 12% ».

A Sheffield, plusieurs dizaines de personnes ont manifesté devant l’hôpital Royal Hallamshire :

Un enjeu politique. Si les services d'urgence devaient continuer à être assurés, les syndicats ont fortement recommandé aux patients de reporter leurs rendez-vous. Ce mouvement social rarissime, largement soutenu par le public, intervient à seulement sept mois des élections législatives. Il devrait donner du grain à moudre au parti travailliste, qui accuse régulièrement les conservateurs au pouvoir de mener une privatisation rampante du NHS.

Des finances « fragiles ». Mais le ministère de la Santé ne semble, pour l'heure, guère disposé à plier. En effet, les autorités répètent que le coup de pouce réclamé grèverait durablement les finances fragiles du NHS. En Grande-Bretagne, le NHS est une véritable institution qui garantit un service de soins gratuit à tous les résidents du pays. Selon l’administration publique, elle compte plus de 1,2 million d’employés. Seules l'Armée populaire de Chine, la compagnie de chemin de fer indienne et la chaîne américaine de supermarchés Wal-Mart emploieraient davantage de personnel dans le monde.