"Le régime, loin d'avoir lâché les armes"

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François Clauss, envoyé spécial en Syrie, avec , modifié à
REPORTAGE - En Syrie, le reporter d'Europe 1 a pu approcher des pro-Assad capturés par les rebelles.

Présent clandestinement en Syrie depuis quelques jours, l'envoyé spécial d'Europe 1 dans le nord de la Syrie est parvenu à rejoindre la ville de Martel-Nomen samedi, à quelques kilomètres d'Alep. Dans cette zone chaotique où rebelles et loyalistes se livrent une passe d'armes permanente, François Clauss, l'un des rares journalistes présents en Syrie, a pu approcher trois policiers de l'armée, capturés la veille dans un poste de sécurité après douze heures d'un combat qui a fait sept morts, selon les rebelles.

Assis sur un canapé au premier étage du collège de la ville transformé en camp retranché, ces trois hommes sunnites âgés de quarante à cinquante ans sont entourés d'une vingtaine de révolutionnaires, dont certains sont armés. Un des hommes capturés porte des traces de coups au visage. Mais comme ses deux collègues, il assure devant ses geôliers être bien traité.

Les trois hommes se défendent et affirment n'avoir aucune responsabilité dans les opérations de la police. Après un temps, l'un d'entre eux accepte de témoigner au micro de notre reporter.

"La voiture derrière nous essuie une rafale"

"Nous n'étions pas impliqués dans les actions militaires du régime, mais nous regrettons de ne pas avoir su rejoindre les forces révolutionnaires avant", tente-t-il de se dédouaner. Ulcéré par ces propos, l'un des révolutionnaires qui a participé à leur capture se lève et s'agace. "Ce n'est pas vrai, il y a eu beaucoup de défections dans la police, mais eux sont restés. Ils sont même montés en grade", assure-t-il au micro d'Europe 1. "Pour moi, ce sont des membres des forces de sécurité de Bachar".

Que deviendront ces trois hommes, dont le visage est marqué par la peur ? Difficile de le savoir, tout comme il est difficile de savoir réellement quel était leur rôle au sein de la police. Les conversations s'arrêtent. Il faut quitter la ville en urgence, et traverser un pont menacé par des snipers à la solde du régime. "La voiture derrière nous a essuyé une rafale", glisse le journaliste dans son reportage. "Le régime est loin d'avoir lâché les armes", conclut-il.

Dimanche matin, les combats ont repris à Alep, deuxième ville du pays. Face aux chars et à l'aviation du régime, les rebelles réclament des armes. "Nous voulons des armes qui nous permettraient d'arrêter les chars et les avions de combat", a demandé Abdel Basset Sayda, en appelant aux pays "frères" et "amis". Selon lui, "le régime a planifié des grands massacres" à Alep.