Le photographe star Mario Testino accusé de harcèlement sexuel

"C'était un prédateur sexuel", affirme notamment Ryan Locke, mannequin vedette à la fin des années 1990.
"C'était un prédateur sexuel", affirme notamment Ryan Locke, mannequin vedette à la fin des années 1990. © Jemal Countess / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
  • Copié
avec AFP
Treize personnes citées dans le "New York Times" accusent le célèbre photographe de mode Mario Testino de harcèlement sexuel.

Le photographe vedette Mario Testino, référence du monde de la mode et prisé des célébrités, est accusé de harcèlement sexuel par treize personnes citées dans un article du New York Times publié samedi. Ce nouvel épisode de la déferlante qui frappe le monde du divertissement, des médias, de la mode et de la politique depuis les révélations du quotidien new-yorkais sur Harvey Weinstein concerne aussi un autre photographe de mode, Bruce Weber, déjà mis en cause et objet de nouvelles accusations. 

Leur collaboration avec Condé Nast suspendue "jusqu'à nouvel ordre". Dans une déclaration transmise à l'AFP le directeur général du groupe de presse Condé Nast (Vogue, Vanity Fair et GQ notamment), Bob Sauerberg, et la directrice artistique du groupe, Anna Wintour, se sont dits "interpellés par ces accusations", qu'ils prennent "très au sérieux". Ils ont pris la décision de ne plus collaborer avec aucun des deux photographes "jusqu'à nouvel ordre".

Péruvien d'origine âgé de 63 ans, Mario Testino a photographié en plus de 40 ans de carrière des dizaines de campagnes publicitaires pour de grandes maisons de mode et vu ses clichés en une des plus prestigieux magazines, notamment Vogue à de très nombreuses reprises. Plusieurs mannequins, dont des stars du milieu, ainsi que d'anciens assistants de Mario Testino accusent le photographe de leur avoir fait des avances, voire d'avoir franchement tenté d'initier un rapport sexuel, mais aucun dit n'avoir cédé.

Testino, "un prédateur sexuel". "C'était un prédateur sexuel", affirme notamment Ryan Locke, mannequin vedette à la fin des années 1990. Il raconte que lors d'une séance photo, Mario Testino aurait demandé à toute l'équipe de sortir de la pièce pour se retrouver seul avec lui et se serait alors jeté sur lui. "Je suis la fille, tu es le garçon", aurait dit le photographe au mannequin, qui explique l'avoir écarté avant de quitter les lieux. Un ancien assistant du photographe, Hugo Tillman, dit avoir vécu une expérience similaire, tandis qu'un autre, Roman Barrett, assure que Mario Testino s'est frotté sur sa jambe et s'est masturbé devant lui. "Le harcèlement sexuel était une réalité constante", résume-t-il. Sollicité par l'AFP, Mario Testino n'a pas donné suite.

Dans le même article publié samedi, quinze mannequins masculins, encore en activité ou retraités, accusent un autre photographe, Bruce Weber, de harcèlement sexuel. Début décembre, il avait déjà été assigné en justice pour agression sexuelle par le mannequin Jason Boyce. Contacté par l'AFP, l'avocat de Bruce Weber n'a pas donné suite non plus.

Des mesures pour lutter contre le harcèlement sexuel. Outre la décision de ne plus travailler avec Mario Testino ou Bruce Weber, le groupe Condé Nast a annoncé samedi des mesures pour lutter contre le harcèlement sexuel. Elles prévoient notamment que tous les mannequins qui seront pris en photo pour un titre du groupe devront être âgés d'au moins 18 ans et que toute séance impliquant de la nudité, une tenue légère ou des poses suggestives devra voir son contenu approuvé préalablement par le sujet.