Le "père fondateur" de Singapour meurt à 91 ans

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avec AFP , modifié à
Lee Kuan Yew, ancien Premier ministre et artisan de la création de la cité-Etat, est mort des suites d'une pneumonie.

Il avait régné plus de trente ans sur Singapour. Lee Kuan Yew, premier et ancien chef du gouvernement de la cite-Etat, est décédé lundi à l'âge de 91 ans. Hospitalisé depuis le 5 février pour une pneumonie aigüe, "M. Lee est mort sans souffrance à l'hôpital général de Singapour à 3h18" (20h18 dimanche à Paris), a annoncé dans un communiqué Lee Hsien Loong, son fils et actuel Premier ministre. Sept jours de deuil national ont été décrétés.

Lee Kuan Yew a été le principal artisan de la transformation de la cité-Etat en une des économies les plus florissantes d'Asie qu'il a dirigée d'une main de fer entre 1959 et 1990. "Il s'est battu pour notre indépendance, a construit une nation qui n'existait pas et nous a rendu fiers d'être Singapouriens", a déclaré l'actuel Premier ministre dans un discours télévisé prononcé avec émotion. Lee Kuan Yew avait été le premier chef d'Etat de Singapour, qui s'est affranchie de la tutelle britannique à la fin des années 50.

Le rapport taille-poids disproportionné. "Lee Kuan Yew a donné à Singapour un profil international complètement disproportionné par rapport à la taille du pays", dont la superficie est un peu inférieure à celle de la ville de Berlin, a déclaré l'analyste singapourien Derek da Cunha. Au cours des trois décennies de pouvoir de Lee Kuan Yew, Singapour a connu un spectaculaire développement économique pour devenir l'un des "tigres asiatiques". L'archipel d'un peu plus de cinq millions d'habitants est devenu un centre régional, financier et touristique, connu pour ses hautes technologies, en particulier dans le domaine de la santé.

Les dirigeants internationaux saluent sa mémoire. Les messages de condoléances ont afflué du monde entier pour saluer la mémoire de Lew Kuan Yew, qui a dominé la vie politique du petit archipel pendant un demi-siècle et est resté jusqu'à la fin de sa vie une personnalité politique très influente à Singapour et en Asie."Il fut un vrai géant de l'histoire qui restera pour les générations à venir comme le père du Singapour moderne et comme l'un des grands stratèges des affaires asiatiques", a déclaré le président américain, Barack Obama. La Chine a elle aussi loué "un stratège ayant à la fois des valeurs orientales et une vision internationale". Lee Kuan Yew était "une figure légendaire en Asie, largement respecté pour son leadership fort et sa stature d'homme d'Etat", a déclaré pour sa part le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon.

Les droits de l'homme pointés du doigt. Mais des défenseurs des droits de l'homme ont critiqué Lee Kuan Yew, lui reprochant d'avoir géré le pays d'une main de fer, un règne pendant lequel des opposants politiques ont été emprisonnés ou empêchés d'agir. Alors que la liberté d'expression et de rassemblement sont toujours étroitement contrôlés dans l'archipel, il serait peut-être temps maintenant d'ouvrir un "dialogue" national en vue d'une plus grande libéralisation politique, a estimé Phil Roberston, directeur adjoint de Human Rights Watch en Asie.

Dans un livre publié en 2013, Lee Kuan Yew, marqué par le décès de son épouse trois ans plus tôt, avait confié se sentir de plus en faible et souhaiter une mort rapide : "Il y a une fin à tout et je souhaite que la mienne soit aussi rapide que possible et avec le moins de douleurs possibles".