Le pape à Cuba : les dissidents n’attendent pas de miracle

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avec AFP
VISITE - Le pape François sera dans l’île à partir de samedi et pourrait aborder le sujet des droits de l’Homme.

La (bonne) volonté du pape ne suffira pas. Les dissidents cubains espèrent que le pape François, qui sera  en visite dans l'île à partir de samedi, interviendra sur le thème des droits de l'Homme, mais ils avouent  nourrir peu d'illusions sur sa capacité à améliorer la situation.

Il ne fera pas de miracle. "Le pape François souhaite que sa visite ait un grand impact, mais il ne pourra pas faire de miracle, parce que (le changement) ne dépend que de la volonté politique du gouvernement cubain, qui n'en a aucune", assure à l'AFP Elizardo Sanchez, président de la Commission cubaine des droits de l'Homme (CCDH), organisation interdite mais tolérée par les autorités.

José Daniel Ferrer, autre opposant très en vue dans l'est du pays, ne s'attend pas non plus à de grandes répercussions, mais il "garde espoir sur le fait que le pape puisse demander plus de démocratie et de respect des droits de l'Homme, même si c'est en privé".

Pas de rencontre avec l’opposition. Lors de sa visite de quatre jours dans l'île, le souverain pontife se rendra successivement à La Havane, à Holguin, dans le nord-est et à Santiago de Cuba, à l’extrême sud-est. Au total, il devrait prononcer huit discours et s'entretenir avec le président Raul Castro. En revanche, aucune rencontre avec la dissidence n'a été programmée dans ce pays dépourvu d'opposition légale.

En 1998, lors d'une visite historique qui avait scellé la réconciliation après des années de brouille entre La Havane et le Vatican, le pape Jean Paul II avait appelé au respect des droits humains, citant notamment la liberté d'association et d'expression.

Les prisonniers politiques toujours en prison. Dans un geste de bonne volonté avant cette visite, les autorités cubaines ont libéré la semaine dernière plus de 3.500 prisonniers, une mesure qui dépasse dans son ampleur les libérations qui avaient marqué les déplacements de Benoît XVI et Jean Paul II. C'est un "geste très limité", tempère toutefois Elizardo Sanchez, assurant qu'"aucun prisonnier politique n'a été libéré" lors de cette vague d'amnisties.

La blogueuse dissidente Yoani Sanchez ne se fait pas non plus beaucoup d'illusions sur la portée de cette visite. Dans un billet publié cette semaine sur son portail d'informations "14yMedio", elle disait même craindre "une répétition du schéma répressif de la visite de Benoît XVI", lorsque 150 opposants avaient affirmé avoir été arrêtés de manière préventive.